Après ma conquête de Gugong, je me lance dans un cran au-dessus avec Gentes en, lui aussi, en coédition par Game Brewer et TMG ainsi que distribué par Atalia. Ce jeu sorti en 2017 est sorti tout droit de l’esprit de Stefan Risthaus et mis en scène par Harald Lieske. Avant même de présenter la thématique, je tiens à signaler que ce jeu n’est pas à sortir chez ses potes (non ludistes). C’est un véritable « Jeu Expert » en comparaison avec Gugong qui est beaucoup plus abordable. Alors, vous pourrez y jouer entre 2 à 4 potes geek avec une bonne durée de vie de 90 minutes minimum.
Alors pour le cadre, si vous êtes fan d’Age of Empire sur PC, ce jeu pourra vous ravir si vous êtes tout aussi fan des jeux de plateau. Le seul bémol que j’y vois actuellement par rapport à la version informatique, c’est que rien n’est automatique. Il faudra vous armer d’un peu de patience lors de votre première partie pour tenter de gérer la mécanique globale du jeu. De plus, je tiens tout de même à le signaler, il faudrait revoir le livret de règles.
En effet, lors de notre première partie, nous avons constaté quelques petits soucis de traduction mais, pour nous, il faudrait être plus concret et exemplifier le livret de règles. Notre première partie a été quand même chaotique avec un aller-retour vers le livret en se demandant, il faut faire quoi et si je fais ça, je peux faire ça ??? J’avoue qu’un beginner dans le domaine pourrait être sérieusement rebuté par cela.
Maintenant, que la mise en garde est là, nous pouvons enfin entrer dans le vif du sujet avec cet eurogame. C’est parti pour la thématique qui est très alléchante et convaincante : « Dans Gentes les joueurs prennent le rôle d’un peuple qui tente de se développer. Avec vos prêtres, nobles, marchands, artisans, soldats et savants, vous allez construire des villes importantes et de somptueux monuments dans le bassin méditerranéen. Conquêtes et commerce feront prospérer votre peuple pendant plusieurs générations. Soyez particulièrement attentifs aux ressources et au temps nécessaire pour accomplir vos actions. Une mécanique astucieuse et originale ! »
Après une partie, on se pose quand même quelques questions sur le principe de civilisation… Je m’explique ! Ok, on est dans un contexte nous plongeant dans l’empire romain et l’on doit développer sa civilisation sur 3 ères symbolisés par 3 paquets de cartes. On étend sa domination sur la Méditerranée mais sans combattre et sans avoir des cités adjacentes… Pour les amateurs des jeux de civilisation, ils seront déjà en train de se dire, c’est le meilleur moyen de perdre sa domination et de se faire ramasser par l’autre joueur. Si vous y jouez, vous verrez, vous aurez aussi quelques petites interrogations sur d’autres aspects attenants à la logique.
Pour les historiens, nous nous retrouvons dans une vision circulaire de l’humanité avec une phase d’apogée et de déclin. Ici, je ne questionnerai pas cette vision, je laisse le travail aux historiens de métiers. A nouveau, la phase de déclin, c’est le moment où l’on prépare le tour 2 ou 3 en fonction d’où on est dans la partie… Mais, où se trouve le déclin ? Ben je ne sais pas… C’est un peu dommage, une qualité dans la mécanique mais un thème qui ne colle pas à celle-ci et on le ressent…
Malgré, les différents bémols, sur l’accord thème/mécanique, on a réellement apprécié la diversité des stratégies pouvant se développer… C’est peut-être à cause de cette volonté d’ouverture que le thème a du mal à coller par moment.
De plus, la manière dont vous allez gérer votre main va totalement influencer votre partie, c’est un point fort permettant une certaine longévité à ce jeu et l’on ne ressent pas la redondance dans les différentes parties. Chacun y amène un petit quelque chose.
Pour nous, Gentes regorgent de bonnes idées et de très bonnes mécaniques mais dans une thématique ne tenant pas toujours la route. Dans les bonnes idées, nous avons apprécié la représentation du coût monétaire mais aussi du coût temps comme dans un vrai jeu vidéo de civilisation. Il est aussi fort agréable de devoir gérer ces 6 catégories sociales sans que l’une empiète sur l’autre ! Un dernier point qui est peut-être une force et une faiblesse… Lors d’une première partie, vous ne saurez pas où donner de la tête, vous voudrez tout faire mais sans vraiment savoir si vous avez pris la bonne décision… Cela à un côté très frustrant pour ma part, il m’aura fallu quelques parties pour que cette frustration se dissipe afin d’envisager des stratégies. C’est pour cela que ce jeu est fait pour les experts car il a une courbe d’apprentissage assez lente et complexe. C’est pour cette raison que nous lui donnons la note de 8/10
Pour l’interaction, on est dans de la pure compétition, on veut être la meilleure civilisation. Alors pour certains, cela démontre une interaction forte mais pour nous, on est fort centré sur son plateau et sa civilisation. On peut empêcher l’autre en prenant ce qui l’intéresse mais, on ne pourra pas torpiller sa partie avec des actions spéciales ou autre. J’admets que notre vision de l’interaction relève beaucoup plus du concept de coopératif. C’est pour cela que nous lui donnons la note de 7/10
Le dernier point est le côté esthétique pour lequel nous donnons la note de 7/10. Autant le dire tout de suite, nous n’avons pas du tout accroché avec le visuel des cartes. Maintenant, nous sommes d’avis de dire que cela colle avec la thématique « Antiquité ». Mais, alors, nous aurions voulu que la carte de la Méditerranée soit dans ce thème aussi. Le note que nous lui donnons pour cet aspect est lié à la qualité des objets en bois. Leur finition ne correspond pas à mes attentes surtout quand on voit le coût de ce jeu.
Nous terminerons sur une note positive en lui attribuant la note globale de 7/10. Pour nous, c’est un très bon jeu avec une série de bonnes idées et une très bonne mécanique si l’on n’est pas pointilleux sur la cohérence entre le thème et la mécanique. Foncez à la condition d’être un joueur « expert » et d’avoir une bande de potes capable de s’attabler autour d’un jeu complexe.