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Murano, Light Masters, bonne ou mauvaise idée ?

Avant de parler du jeu en lui-même, reprenons la genèse de ce projet. Plutôt la communication autour de celui-ci qui avait hypé Son par ce visuel blanc et épuré auquel ajoutait aussi le qualificatif de chef-d’œuvre. 

En juin 2021, l’éditeur Matagot lance une campagne de communication avec énormément de teasing au sujet de leur chef-d’œuvre de l’année. Au fur et à mesure, on voit la thématique, on accroche ou pas avec l’esthétique de la cover. Cela met Son dans une expectative de dingue et on se met à imaginer le contenu de cette boîte et des mécaniques potentielles qui nous feraient rêver. 

Cette campagne de teasing va aller crescendo jusqu’à la fin septembre où le jeu sera clairement annoncé et disponible lors du festival d’Essen. A la fin de cette campagne d’informations, pour en avoir discuté avec Son, je pense que l’on en avait tellement attendu de ce jeu et imaginé des mécaniques folles que l’on a fait : “En fait, c’est juste ça.” 

Alors parlons de cette mécanique avant d’aller plus loin ! La mécanique de base est double avec d’un côté un système de pick and collect légèrement contraignant à l’aide du sélectionneur qui est une roue qui se décale d’une case dans le sens horaire vous indiquant les types d’éclats auxquels vous avez droit. De l’autre, vous devez réaliser des cartes-objectifs personnels en dépensant des éclats spécifiques. 

En plus de ces deux mécaniques de base, vous avez quelques twists avec l’action d’échange vous permettant de prendre les éclats de l’entrepôt jouxtant le marché où vous vous défaussez d’une de vos pierres ou encore l’action d’acheter où vous dépensez 2 lires pour acheter l’ensemble des pièces d’un des marchés. 

Sans oublier l’activation des avantages qui sont aléatoires à chaque partie. En début de partie, vous installerez aléatoirement au-dessus de chaque tuile catégorie, marqué d’un symbole spécifique, une carte avantage. Pour activer cet avantage, vous devrez mettre de côté une de vos cartes « œuvres » finalisées pour activer l’avantage en question. Évidemment, vous activerez l’avantage correspondant au symbole présent sur la carte œuvre que vous mettez de côté. 

Dans la mécanique, un point que j’ai trouvé intéressant c’est la manière de gagner des points. Il n’y a pas de points sur les cartes représentant les verreries mais c’est votre capacité à optimiser les places de votre plateau individuel qui va vous faire gagner de l’argent qui sont les PV dans le jeu. Plus vous aurez des espaces libres lorsque vous validez une carte, plus vous gagnerez de l’argent 

Je peux parler en toute connaissance de cause, c’est Son qui a été le plus déçu du jeu car, lui comme moi, on s’en était fait une montagne lors du plan de communication. Et, nous arrivons tout de même à une conclusion commune. Si vous êtes un gros joueur régulier, lors de vos parties, vous n’aurez pas cette excitation à comboter, anticiper ou bloquer l’adversaire. On trouve que c’est un jeu assez mécanique et pouvant paraître assez plat quand vous êtes des joueurs confirmés. 

Pour autant, il faut remettre un peu d’objectivité dans ce que je dis et ce point de vue, je l’ai déjà tenu avec l’équipe lorsque l’on a abordé Murano. Lorsque vous ouvrez la boîte, vous tombez sur un petit feuillet présentant ce jeu comme accessible et sur ce point, je suis entièrement d’accord. Je pense d’ailleurs que c’est l’un des points de désaccord porté par l’équipe et d’autres bloggers. On est habitué avec Matagot d’avoir du gros jeu et ici, en plus de l’avoir présenté comme un chef-d’œuvre, on se retrouve avec un jeu très grand public. 

Pour l’avoir joué avec ma belle-mère qui a 72 ans, non joueuse et en un tour, elle a réussi à le prendre en main sans aucune difficulté et nous a d’ailleurs complètement explosé. Pour une fois, je ne l’ai pas entendu dire c’est compliqué ou même soufflé comme cela peut être le cas avec d’autres jeux. Dès lors, je peux dire que l’objectif d’accessibilité que s’est fixé Matagot est rempli. Malheureusement, ce choix éditorial a pour conséquence que les gros joueurs ne vont pas s’y retrouver et il faut tout simplement en avoir conscience. 

Parlons de l’esthétique, cela passe ou cela casse… Pour un jeu jeu sur l’univers du verre c’est le cas(se) de le dire ^^ En entendant le mot chef-d’œuvre, Son avait imaginé avoir des petits sujets en verre quand on voit déjà la difficulté à produire les pièces en verre à l’intérieur de la boîte… De mon côté, aucun souci, les verres sont impeccables mais j’ai pu lire que certaines boîtes se retrouvent avec des pièces cassées à l’arrivée. Pour avoir discuté avec Matagot de la résistance de ce matériel, ils m’ont dit l’avoir testé en marchant dessus par exemple et qu’il tient car ils ont incorporé un peu de plastique dans les pièces en verre. Je vous avoue que je ne me suis pas amusé à sauter sur mes pièces ou à les jeter par terre ^^

Pour ma part, l’esthétique est relativement chouette, ce n’est pas le jeu qui va me sauter aux yeux dans une boutique mais il a un côté intriguant à première vue. Un point que j’ai trouvé agréable, c’est le bruit des pièces en verre dans la coupelle centrale, un jeu idéal pour faire de l’ASMR ^^

Du côté de l’interaction, elle est assez limitée et indirecte. Vous n’allez jamais perturber l’autre directement, vous vous accaparerez les pièces présentes sur l’un des marchés avant lui où vous modifierez la roue du sélectionneur. On n’est pas sur un jeu d’affrontement mais plutôt d’optimisation personnelle dans la lignée d’un Splendor. 

Au final, Murano, c’est une bonne ou une mauvaise idée ? Tout dépend de la personne en face de vous ! Si la personne est joueuse tout court, je pense qu’il y a sérieusement d’autres titres à proposer apportant plus de complexité et de challenge. Cependant, si vous souhaitez initier, faire découvrir, il peut être un jeu pour démarrer. Je pense que c’est un jeu qui a toute sa place dans une ludothèque. 

Personnellement, lors de mes parties, j’ai un sentiment assez neutre sur Murano. Il tourne, il n’y a pas d’accro, les tours sont fluides, les mécaniques se combinent correctement mais je n’ai pas eu l’étincelle. 

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