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Undo : un jeu de déconstruction plein de sens

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Cela faisait un moment que je n’avais plus abordé la question de l’apprentissage grâce à un jeu jusqu’à ce que je tombe sur Undo de Michal Palm & Lukas Zach édité par Gigamic. Pour cet article, vous n’aurez d’autres photos que celle de la boîte afin d’éviter tout spoil de l’histoire.

Plantons d’abord le décor, ce jeu est se décline en 3 histoires (vendues séparément) :

  • Ruelle pourpre
  • Prisonnier du passé
  • Le printemps du cerisier

Dans les 3 histoires, le jeu se joue entre 2 à 6 joueurs de 10 ans et plus pour une durée de maximum (vraiment) 60 minutes. Le coût d’une histoire est aux alentours des 11€. Pour reprendre l’explication du jeu du site Gigamic :

« Undo est un jeu coopératif et très immersif qui permet à ses joueurs d’influencer le passé pour changer l’avenir. Imaginez avoir le pouvoir de voyager dans le temps pour changer le passé et empêcher de funestes événements d’avoir lieu. C’est l’aventure que propose la gamme UNDO qui combine le thème du voyage dans le temps à des scénarios émouvants et extraordinaires que les joueurs devront démêler pièce par pièce. Ils pourront remonter le temps de quelques minutes ou quelques heures, ou parfois même de milliers d’années en arrière pour changer les événements qui ont jeté les bases d’un destin tragique. Un saut dans le futur pourra également fournir des informations importantes. Néanmoins prenez garde, chaque saut dans le temps porte en lui une décision capitale sur la vie ou la mort des personnages impliqués, vous n’avez pas le droit à l’erreur ! »

Dans une partie, vous devrez sélectionner des cartes narrant une portion de l’histoire du protagoniste principal et pour laquelle vous aurez un choix à réaliser entraînant l’accumulation de points. Ce sont ces points qui en fin de partie vous diront si vous avez pu changer le cours de son histoire et de sa fatale destinée ou pas.

Hormis l’intérêt ludique de ce jeu, je voulais me consacrer sur son aspect pédagogique à différents niveaux pour un cours de français ou de CPC (pour le côté argumentatif. Dans le cadre du cours de français, vous pourriez travailler 3 aspects grâce à ce jeu :

  • L’argumentation
  • Le schéma narratif
  • La rédaction d’une nouvelle fantastique ou de science-fiction à partir du jeu.
  • Le récit policier et de science-fiction/Fantastique

L’argumentation

Dans le cadre du cours de français ou de CPC, les professeurs sont amenés à développer la capacité à argumenter une position. Dans ce jeu, le joueur actif aura toujours le dernier mot sur le choix de l’action à prendre entre celles proposées mais, au préalable, il devra écouter tour à tour ses partenaires de jeu. C’est dans ce cadre que les élèves pourront s’initier aux techniques argumentatives afin de tenter de convaincre le groupe mais surtout le joueur actif

Le schéma narratif

Dans mes souvenirs de cours de français, la question du schéma narratif (petit rappel pour ceux qui auraient oublié, source) m’avait laissé plus qu’indifférant… Pour autant, il a un intérêt crucial dans la compréhension d’ouvrages ou de récit. Il serait pour moi intéressant d’utiliser les 3 histoires d’Undo en classe afin de soit introduire le schéma narratif auprès des élèves ou alors de transférer les connaissances établies de cette analyse en utilisant les 3 histoires. On pourrait tout à fait imaginer que les 3 groupes d’élèves devraient présenter le schéma narratif de leur histoire à l’ensemble de la classe. D’autant plus qu’à la fin de la partie, les joueurs disposent de l’entièreté de l’histoire.  

La rédaction d’une nouvelle fantastique ou de science-fiction à partir du jeu.

Il pourrait aussi être opportun de demander aux élèves d’écrire une nouvelle fantastique ou de science-fiction (en fonction de la méthode de voyage dans le temps). L’avantage de ce jeu est qu’il ne bride pas l’imagination et même plutôt le contraire, il le développe ! En effet, il pousse les joueurs à s’imaginer les conséquences des décisions qu’ils sont en train de prendre. C’est le principe de l’effet papillon. C’est pour cette raison qu’utiliser les histoires d’Undo comme support à la rédaction permettrait de donner un cadre aux élèves (ayant des difficultés à démarrer une histoire) tout en leur permettant, grâce aux ouvertures du jeu, à développer leur imagination (tout en leur redonnant confiance en eux).

Pour ma part, j’ai choisi l’histoire « Ruelle Pourpre » dans laquelle vous devrez enquêter sur la mort mystérieuse d’une personne dans une allée sombre. Je ne vous en dirais pas plus pour ne pas vous gâcher le plaisir. Le seul conseil que je peux vous donner est de jouer à ce jeu avec un groupe assez important car le cœur de l’action ludique de ce jeu provient des interactions avec les autres joueurs. Il est idéal à placer entre deux gros jeux lors d’une soirée ludique ou alors au moment de l’apéro avec des ami(e)s pour ne pas avoir les mêmes et inlassables discussions. Je recommande à condition de savoir avec qui et quand le jouer. Cependant dans une classe, c’est l’idéal car les élèves auront toujours un avis sur la manière de modifier le cours d’une histoire.

N’hésitez pas à partager vos avis mais aussi vos leçons développées à partir de ce jeu ! Qu’en pensez-vous ?

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Compagnons, l’union fait la force

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Lorsque vous avez vu la boîte, vous avez eu une impression de déjà-vu ? C’est normal, ce jeu en version anglophone a été un Kickstarter l’année passée sous le nom de Villagers. Cette campagne a été un franc succès pour l’auteur et l’illustrateur de ce jeu, Haakon Gaarder, sachant que c’est son premier jeu ! Cette campagne a mobilisé 14 351 contributeurs pour un montant de 536 996€. Bravo !

Il ne fallait pas s’étonner qu’une franchise francophone soit intéressé afin que nous puissions l’avoir sur l’une de nos étagères Kallax de notre ludothèque. C’est chose faite Gigamic la maison d’édition française, connue pour Quarto ou Quoridor ou encore Flamme rouge, édite ce jeu sous le nom de Compagnons.

Vous voilà plongé dans un univers moyenâgeux où la peste noire fait rage. Evénement bien connu de cette période à la suite de l’augmentation du commerce entraînant l’arrivage des rats porteurs de puces contaminées dans les cales des bateaux, la population est décimée. Vous, les survivants, vous devrez allier vos forces et vous entraider afin de rebâtir une nouvelle communauté. Malheureusement, vous n’êtes pas seul sur le coup, vous pourrez avoir jusqu’à 5 villages concurrents qui voudront en plus ou moins 45 minutes établir un village stable et prospère. Entendons par prospère, être le plus riche ^^

Comme vous pouvez le voir dans le déballage de la boîte, la construction de ce village va se faire grâce à la sélection et la pose des cartes représentants des métiers spécifiques. Et c’est là que réside toute la subtilité du jeu et la véracité de celui-ci, on n’associe pas n’importe comment les cartes. Je vous en dis plus dans l’analyse de la mécanique mais avant cela, un petit point sur le tour de jeu.

Lors de l’installation du jeu, chaque joueur a une carte compagnon, une place du village, 5 cartes venant de la réserve et 8 or. Au centre de la table, vous avez 3 piles des villageois communs et vous placez 6 cartes villageois depuis la réserve face visible, au-dessus de chacun des paquets, une réserve comptant le double de carte par rapport au nombre de joueurs. Par exemple, 4 joueurs = 8 cartes au-dessus de chacun des 6 villageois. Dernière manipulation, vous devrez placer la première phase de marché en-dessous du paquet de réserve de la deuxième carte et la deuxième phase de marché clôturant la partie sera placée sous la dernière pile. Maintenant que la route est prête, le tour de jeu est divisé en deux phases.

La première est le recrutement où vous pourrez sélectionner à tour de rôle un compagnon présent sur la route face visible ou l’un dans les paquets au-dessus mais face cachée. Vous ne pourrez voir que sa catégorie (foin, bois, minerai, cuir, laine). Attention, le nombre de carte que vous pouvez prendre dépend de la nourriture dans votre village, logique ! De base, vous en piocherez 2 + le nombre de nourriture dans le village (max 5 cartes en plus).

La seconde est le placement depuis votre main de compagnons dans votre village. Même principe, vous ne pourrez que 2 villageois + le nombre de maison présent sur les cartes de vos villageois déjà installés dans le village (max 4 cartes)

Et c’est là, qu’il faut faire chauffer ses neurones car il y a des règles de placement et surtout qu’il ne faut pas oublier la conversion de vos villageois en or. On peut dire qu’il y a deux étapes dont il faut tenir compte lorsque l’on joue. D’abord, augmenter sa nourriture pour pouvoir prendre plus de carte dans le recrutement et augmenter son nombre de maison dans la phase de placement. Mais attention, le moment de conversion en or arrive avec la première phase de marché. Cette phase de marché arrive lorsque la deuxième pile est vidée. Mais, ici, il y a un petit ressort sympathique dans les règles… Afin d’acquérir des villageois communs, vous pouvez vous défausser d’une carte de votre main en la replaçant face cachée dans la pile de votre choix au-dessus de la route des villageois. Une mécanique intéressante car cela peut reculer la première phase de marché mais attention, ces cartes pourraient être en possession des adversaires !

Par la suite, on continue la même mécanique jusqu’à la deuxième phase de marché clôturant le jeu et entraînant le décompte des points.

Une question d’alliance

On apprécie la mécanique est lisse et sans accroc mais demande une bonne dose de réflexion. D’ailleurs, on m’avait demandé si cela pourrait être intéressant dans le cadre scolaire, pour ma part, c’est un oui et un non à la fois… La thématique est vraiment chouette et permettrait d’avoir une réflexion dans le cours d’histoire sur les guildes et le compagnonnage, c’est indéniable ! Mais, la mécanique de jeu est suffisamment complexe pour que cela ne prenne pas dans certaines classes. Si vous voulez l’utiliser, je vous recommande clairement de bien le tester avant et de l’intégrer classe par classe.

La raison me poussant à ne pas le généraliser à toutes les classes et vous dire : « c’est le jeu à utiliser dans cette thématique », est dû à sa mécanique de base qui donne toute sa saveur au jeu mais qui demande d’associer correctement des métiers ensemble en vue d’obtenir assez de nourriture, de maisons mais aussi d’or. Donc, il faut, au moment de la sélection de ses villageois, être capable d’anticiper ces associations tout en regardant le jeu de l’autre sachant qu’il y a aussi le principe du cadenas. Pour moi, cela fait beaucoup pour des élèves de 13 ans (le thème sur le Moyen-Âge est abordé en deuxième).

Maintenant, pour un jeu à la maison, cette mécanique est intéressante et fait preuve de logique, le forgeron a besoin du mineur tout autant que l’orfèvre a besoin du mineur et de l’haveur. C’est une chose auquel il faut ajouter le principe des cadenas que je vous évoquais plus haut, certains métiers ne peuvent pas se débloquer qu’à condition d’avoir dans son village ou dans un village voisin le bon métier. Bien entendu, si vous voulez utiliser le villageois de la communauté voisine, cela se paye ! Rien n’est gratuit.

Nous avons apprécié cette logique donnant un côté très réaliste à ce jeu dans les méthodes d’agencement et pourrait faire prendre conscience à certains jeunes des filières de production. On apprécie la possibilité d’établir une stratégie qui n’est pas mise à mal excepté quand l’adversaire prend la carte qui nous intéresse. Nous aurions d’ailleurs apprécié l’intégration des événements de la partie solo dans la partie à plusieurs. Il aurait pu apporter des rebondissements intéressants et déstabilisants. Pour autant, lorsque l’on joue on sent que l’on a une prise sur le jeu grâce aussi à la possibilité de défausse au moment du placement. Pour finir, on a fini la partie avec une calculette pour déterminer le gagnant, c’est le plus grand reproche que je peux faire ici mais le pour reste la mécanique est bien huilée, fluide proposant une belle profondeur de réflexion et de stratégie. Nous lui donnons la note de 8/10

Un dernier point important à nos yeux est la possibilité de jouer en version solo. Il faut dire que cette version solo est loin d’être simpliste avec la Comtesse qui n’est pas tendre avec nous ! Les événements qui sont soit Eté ou Hiver qui rajoute une belle dose de complexité ! D’ailleurs, on aurait vraiment apprécié que ces événements soient intégrés dans la version standard afin de rajouter du piment et des surpises lors de la partie.

Un pour tous, tous pour un

Les premières parties ont été assez solitaire. Chacun sur son village à vouloir accumuler le plus de points. Il nous a fallu le temps d’apprendre à jouer et à utiliser les différents ressorts du jeu avec le principe des cartes cadenas par exemple. Plus les parties, ce sont déroulées ; plus on a commencé à lever la tête de sa main et regarder ce qu’il se faisait de l’autre côté de la rive. Et c’est là qu’est apparue l’interaction, on pouvait commencer à prendre des personnages sur la route dont l’autre avait besoin pour l’obliger à nous payer un droit d’utilisation. Maintenant, l’interaction se limite à cela, on est plutôt à un jeu perso où l’on optimise son village au maximum en utilisant le moins possible l’autre. Nous lui donnons la note de 7/10

Cela sent bon le blé coupé

Lorsque l’on joue à ce jeu, on est plongé dans cet univers ! On a vraiment l’impression d’être aux commandes de son village en devenir où l’on tente de développer au mieux son potentiel à l’aide des villageois. A l’opposé des jeux où les figurines se démultiplient pour rendre cela réaliste et prégnant, ce « simple » jeu de cartes ancre le thème sans aucune difficulté avec des jolie illustration tout en simplicité et en détails. C’est un très beau travail où chacun des métiers est joliment représenté. D’ailleurs, j’ai découvert des métiers en y jouant ^^ Pour cette partie, on donne la note de 8/10