Partons d’une mécanique classique qui est le contrôle de territoire et ajoutons-y une mécanique récente de Roll & Write. Qu’est-ce que cela peut donner ?
C’est au FIJ, à Cannes, que Steve et moi nous faisons pitcher Lumen par Xavier de Lumberjack. On sort de cet entretien avec des étoiles plein les yeux. Honnêtement, je suis très enthousiaste à l’idée de pouvoir y jouer. Ajoutons à cela que le jeu est superbement illustré par Vincent Dutrait, je m’attends vraiment à vivre un bon moment.
En un coup d’oeil
2 joueurs
12 ans et +
45 minutes
Bruno Cathala et Corentin Lebrat
Vincent Dutrait
Lumberjack Studio
Retour du FIJ ; je fais une première partie. Immédiatement après celle-ci ; que j’ai perdue, je demande à mon meilleur ami d’en faire une deuxième tant qu’on est chaud. Cette fois-ci, je gagne. Et on débrief. 3 jours plus tard, je retrouve Steve et on joue. Je ne lui avais pas donné mon avis car je ne voulais pas l’influencer. Je gagne. On débrief. Steve a le même avis que moi.
Je possède plusieurs jeux de contrôle de territoires dans ma ludothèque. Ayant grandi avec des jeux vidéos comme Age of Empire, Anno ou Civilization j’ai acquis quelques gros titres comme Root ou Pax Pamir. Le Roll n Write je n’en ai pas mais je connais bien Trek12 auquel j’ai beaucoup joué sur BGA. C’est un jeu que j’apprécie beaucoup pour sa simplicité et pour sonimmersion.
Avant de parler du jeu, je dois d’abord vous expliquer comment je range mes jeux. Hors du classement, on a tous les jeux à identités secrètes purs et les jeux d’ambiance. Ensuite, je classe Familial, Initié et Expert. Un jeu familial est un jeu dont la mécanique et les pistes de victoire sont simples. Un jeu initié sera un jeu où l’une des deux composantes devient plus compliquée et le jeu expert ce sont les deux.
Certaines mécaniques se classent alors naturellement dans ces catégories. En particulier, les jeux de contrôle de territoire sont en général dans la catégorie Initié tandis que le Roll n Write en Familial. Que donne alors ce mix de mécaniques ?
Et bien pour moi, ça cale. Ça cale beaucoup même. Ce que j’aime dans les jeux de contrôle de territoires, c’est le fait de chercher à être plus malin que son adversaire, à lui mettre la pression ou à lui tendre une embuscade. Tous ces aspects contiennent évidemment un peu de facteur chance mais ce dernier ne constitue pas 90% de ceux-ci. Piéger ou capturer son adversaire demande de l’anticipation et de la planification.
Malheureusement dans Lumen, même si le lancer de dés peut être balancé par les différentes opérations mathématiques possibles, on ne garde pas beaucoup de contrôle sur son jeu. Et si en plus, les unités disponibles à envoyer sont tirées au hasard. On ne peut vraiment pas établir de stratégie à long terme.
Dernier aspect qui m’a vraiment dérangé ce sont les tuiles contenues dans le sac neutre. Celui-ci contient des tuiles puissantes qui peuvent renverser le cours de la partie mais, encore une fois, seul le hasard « contrôlé » vous permettra de les acquérir et de les jouer. Dans un premier temps, il vous faudra écrire plusieurs résultats supérieur à 7 dans votre plateau joueur puis piocher une tuile au hasard. Parmi celles-ci, il y a des objectifs privés qui vous donneront des points en fin de partie. Pas de bol ; elle ne vous aidera pas durant la guerre.
Sur mes trois parties, j’en ai gagné deux mais jamais je ne me suis senti fier d’avoir gagné. Je ne me suis pas senti plus malin, plus filou ou plus stratège que mes deux adversaires. Bref, aucune sensation de victoire.
Mais du coup ? Est-ce que le jeu est vraiment un échec ou est-ce que je ne suis simplement pas le public visé ? Si je devais être honnête, je ne pourrais pas vous dire que ce jeu est réussi. Ce jeu n’est clairement pas adressé aux joueurs initiés, nous venons de le démontrer plus haut mais il n’est pas non plus destiné aux joueurs de catégorie familiale. Trop d’îcones, trop de règles particulières pour rentrer dans ce groupe de jeux. Le Risk est d’ailleurs beaucoup plus accessible avec un hasard que je trouve plus « fun ».
Lumen est un jeu que j’aurais voulu aimer. Il a un thème qui me plaît (j’aime guerroyer) et une direction artistique du tonnerre. Chapeau à Vincent Dutrait car j’ai dû voir 3 ou 4 jeux qui vont sortir cette année et qui ont tous été illustrés par lui. Je n’ai pas l’habitude d’écrire pour souligner ce qui ne fonctionne pas dans un jeu et j’essaie toujours de chercher et de mettre en exergue les éléments positifs du jeu mais là … Forcé de constater que ce jeu, à mon avis, a juste été mal pensé. On peut toutefois saluer l’idée du jeu et retenir que cela n’a pas été la bonne façon d’imbriquer les deux mécaniques.
Je finirai en remerciant encore Lumberjack de nous avoir reçus et nous avoir confié cette boîte. Je ne l’ouvrirai probablement plus pour y jouer mais je la garderai d’office pour orner ma ludothèque car les illustrations sont vraiment magnifiques. Au moins, vous êtes une maison qui tente des expériences et qui sait rebondir de ses échecs. Continuez de nous surprendre, en bien comme en mal car ce n’est qu’en échouant qu’on progresse !