A l’instar de Marcel Proust, la découverte de Dinner in Paris m’a enveloppé d’une sensation de nostalgie lors du déballage et des parties de ce jeu du collectif « Les Trolls associés », subliment illustré par Alain Boyer et édité par Funny Fox.
Ce jeu de 2 à 4 joueurs pour des parties de 40 minutes pour les 10 ans et plus a eu vraiment la force de me replonger dans mon enfance lorsque je découvrais mes jeux. Pour vous situer mon enfant, c’était les années 90 à 2000.
Pour autant, il ne faut pas voir dans mes propos une quelconque association à l’idée de vieux ou de dépasser. Au contraire, ce jeu est savant mélange de modernité et traditionnel. Dès l’ouverture de la boîte, vous vous retrouvez à construire vos différents restaurants des plus simples au plus prestigieux. Chacun est fait dans un plastique moulé illustré les devantures des restaurants que l’on peut retrouver à Paris. Pour cela, il vous suffira d’emboîter les toitures grises sur les différents restaurants et ensuite y accoler leur catégorie allant de la friterie jusqu’au gastro.
Cela m’a rappelé les souvenirs lorsque de l’ouverture des jeux que l’on recevait dans les années 90 où il fallait monter les différents éléments de décor ainsi que la thématique de la gestion hôtelière. Et c’est ici qu’intervient la modernité, ce sont dans les mécaniques. J’ai pu à la fois y retrouver des souvenirs d’enfance tout en ayant le plaisir de jouer avec des mécaniques actuelles. Avant de vous donner mon avis, découvrons la mise en place et les règles d’un tour de jeu.
Mise en place du plateau principal
- Sélectionnez la face du plateau en fonction du nombre de joueur
- Mélangez les cartes ressources, en placez 4 face visible sur la rivière et en donnez 4 face cachée à chaque joueur
- Mélangez les objectifs, en donnez deux face cachée à chaque joueur. Chaque joueur conserve une carte face cachée et la seconde est placée dans l’espace des objectifs communs
- Mélangez et placez les cartes pigeon sur leur emplacement
- Mélangez les cartes majorité et prenez en une au hasard. Placez-la sur l’emplacement prévu à cet effet
- Mettez à disposition les restaurants
Mise en place des plateaux individuels
- En plus des cartes ressources et de la carte objectif, chaque joueur prend un plateau individuel
- Placez le cube translucide jaune sur le zéro de votre piste d’argent et le translucide blanc est mis à côté de votre plateau.
- Mettez dans les rainures les tuiles terrasses
- Mettez à côté de votre plateau les tuiles propriétés
Tour de jeu
Un tour de jeu se découpe en deux phases.
Phase 1 : le joueur pioche une carte ressource visible ou depuis la pioche
Phase 2 : le joueur doit réaliser deux actions parmi 4. Elles peuvent être répétées deux fois de suite à l’exception de l’action « construire des terrasses ».
- Piochez une carte ressource
- Ouvrir un restaurant
- Construire des terrasses
- Réaliser un objectif personnel ou commun
Vous l’aurez compris l’objectif du jeu est de devenir le restaurateur le plus populaire sur cette nouvelle place de Paris. Pour ce faire, vous marquerez des points grâce :
- Vos restaurants
- Vos terrasses
- Vos majorités
- Vos objectifs personnels et communs réalisés.
Mon avis
Elle est clairement accessible et c’est un point important car la thématique va attirer énormément de monde. Il fallait qu’il propose de la réflexion tout en ne devenant pas un véritable casse-tête. Je le sortirai volontiers tant avec des connaisseurs qu’avec des novices. Il sera aussi de la partie lors d’un dimanche bien pluvieux ou actuellement, vu le couvre-feu ainsi que la fermeture de l’HoReCa.
Le principe d’amélioration liée à l’ouverture de ses restaurants ou à la construction des terrasses permet une progression linéaire sans qu’un joueur prenne énormément d’avance. Le calibrage du jeu entre les coûts de construction et l’apport financier de ceux-ci est juste idéal.
En début de partie, on va clairement vouloir être le magnat l’HoReCa sur cette place pour amasser le plus de sous. Mais, malheureusement, vous donnerez la possibilité aux autres joueurs de venir installer leur terrasse rendant les objectifs difficilement atteignable. Il vous faudra progresser à la fois en achetant des restaurants mais en ne laissant pas trop de place à vos adversaires au risque de ne plus avoir un carré de pré vert à occuper.
Il faudra aussi avoir à l’œil les différents restaurants ouvrant leurs portes sur la place ! La mairie ne délivre qu’un certain nombre de permis d’urbanisme par catégorie de restaurant. Vous aurez l’occasion de créer 4 friteries mais un seul restaurant gastronomique. En fin de partie, je souhaitais me lancer dans un bar à vin mais, il m’est passé sous le nez.
Plus vous achetez un restaurant cher plus, il sera grand et prendra de la place. Ce n’est pas négligeable quand on sait qu’on ne peut pas placer n’importe comment ses terrasses. Même si des cartes « pigeons » permettent de s’accoler ou de se superposer sur des terrasses adverses.
Attention, la guerre des terrasses est enclenchée et dans le milieu, il n’y a pas de pitié pour obtenir le meilleur spot près des musiciens ou des réverbères.
Ce qui est plaisant dans le jeu est son aspect gestion. Il faudra avec habilité ouvrir des restaurants pas trop onéreux pour vite occuper l’espace tout en regardant les objectifs communs ou personnels. Les objectifs personnels non réalisés vous coûteront des points négatifs. Mais, si vous le refusez, vous le transformez en objectif commun. Est-ce pertinent d’offrir des points aux adversaires ?
Cette mécanique ne vous dépaysera pas et vous pourrez le prendre très rapidement en main mais avec les différents éléments de scoring vous pourriez avoir des drôles de surprises en fin de partie lors du décompte final des points. Certains évoquent du hasard dans le tirage des ressources mais sur un tour de jeu, vous pourrez au final avoir jusqu’à 3 tirages. Ce qui pour moi limite grandement ce hasard.
A propos de la rejouabilité, on est sur un jeu familial mais, la variabilité des cartes de majorité à chaque partie ainsi que les objectifs permettent que celui-ci ne s’essouffle pas. On est clairement convaincu par ce jeu qui plaira à un grand nombre de personnes.
L’interactivité est bien présente, vous avez une place à vous partager mais il n’y aura qu’un seul gagnant. La guerre fera rage sur cette place paisible. On est sur une bonne d’interactivité sans qu’il y ait une trop grande frustration de la part des joueurs voulant gérer et se développer en paix. Il n’y a que deux trois cartes permettant d’aller embêter l’autre directement. Le reste se fera de manière indirecte.
Pour l’esthétique, je suis totalement charmé. Les couleurs sont chatoyantes, on a l’impression qu’il y a des mini réverbères illuminant le plateau. Le plateau est grand permettant d’y placer les différents éléments de jeux hormis les restaurants. De plus, les illustrations autour participent totalement au thème et à l’immersion.
La qualité du matériel est bien présente avec des plateaux individuels en double layer ainsi que les restaurants en plastique moulé. J’ai été surpris de l’aspect des cartes. Elle me semblait cartonnée par rapport à d’autres jeux où elles sont comme plutôt tissée. Si je dois dire un truc que j’aurai apprécié mais cela aurait augmenté les coûts de production, c’est un plateau en relief comme celui du scrabble pour placer ses terrasses sans qu’elles bougent.
Nous, on apprécie énormément, c’est un très beau travail mêlant la modernité des mécaniques des jeux contemporains avec cette nostalgie des jeux de mon enfance.