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Pictures : Quand bon jeu ne rime pas forcément avec beau jeu

Fiche technique

  • Autrice et Auteur : Daniela Stöhr et Christian Stöhr
  • Illustrateur : Dominik Mayer
  • Editeur : PD Games (PD Verlag)
  • Localisation en français : Matagot
  • Nombre de joueuses et joueurs : 3 à 5 (mais peut se jouer à 2 avec adaptation)
  • Durée : 30 minutes
  • Age : conseillé à partir de 8 ans (mon fils de 6 ans y arrive néanmoins)
  • Mécanisme(s)-Compétence(s) : observation, déduction, créativité, pensée abstraite
  • Type : party games familial
  • Prix conseillé : 30-35€

Le jeu nous a été envoyé par Matagot et on les remercie bien fort !

Dès le moment où ce jeu a été le grand gagnant au Spiel des jahres 2020, ma curiosité fut titillée car, je vous avoue, je ne l’avais jamais repéré jusque là. Alors que le jeu est sorti fin 2019 en Allemagne, il nous aura fallu attendre plus ou moins un an pour qu’une localisation en français sorte (ok, je vous l’accorde, on s’en fout de la langue pour ce genre de jeu si ce n’est la règle car il n’y a aucun thème). Aujourd’hui j’ai l’intention de vous en parler.

Découvrons la boite

Bon, je vais être honnête, quel look austère et tristounet en voyant la boîte! Et pourtant, on voit une légère évolution (et encore) dans l’édition de Matagot par rapport à celle de PD Games. Mais ce n’est pas forcément un boîte qui attire le regard dans un premier temps.

La boîte est carré et est de taille moyenne (295mm x 295mm pour une profondeur de 70 mm). Elle pèse environ 1250g.

A l’intérieur, une seule feuille de règles carré (28mm x 28mm) en français sur le recto et en néerlandais sur le verso.

Stupéfaction quand même en l’ouvrant car je me dis que la boîte aurait pu être plus petite en fonction de ce qu’elle contient. Un insert cartonné inutile selon moi, le matériel ne nécessitant pas un rangement particulier.

Une taille de boite pour justifier le prix? Possible…

L’illustrateur Dominik Mayer a notamment illustré Paleo (sorti tout récemment) ou bien encore Concordia Venus (que PD Verlag a également édité). Il possède clairement un beau talent avec un style qui lui est propre et je vous invite à le découvrir sur son instagram.

Ici, je me dis qu’il n’a du illustrer que le titre du jeu (qui représente les différents set de matériel que l’on va utiliser), les dessins du matériel sur la feuille des règles ainsi que les symboles sur les cartes d’un Set du jeu car les images à faire deviner sont des photos mais je vais y venir…

Le matériel justement…

  • 91 cartes photo recto verso au look très rétro selon moi (elles me font penser aux photos dans le livre feu vert des années 90 pour apprendre le permis :-D)
  • 48 jetons coordonnées (3 de chaque) que l’on va mettre dans un sac en tissu
  • 4 jetons chiffre et 4 jetons lettre (ovales)
  • 4 jetons pictures pour indiquer le sens de la création des joueurs
  • un bloc notes pour écrire nos suppositions et les scores

5 sets de matériel bien spécifique qui nous permettront de faire deviner les images :

  • 24 cubes de couleurs (3 de chaque couleur) et un cadre pour les placer dedans
  • 6 blocs en bois de formes différentes
  • 4 bâtons et 4 pierres
  • 19 cartes symboles
  • 1 lacet noir long et 1 lacet noir court

Des règles hyper simples

Il faut simplement mélanger les cartes photo et en placer 16 (en grille 4 x 4), on définit les lignes avec les jetons lettre et les colonnes avec les jetons chiffre. La partie peut commencer.

Chaque joueur prend un set et va ensuite piocher un jeton coordonnées dans le sac. Ce jeton va déterminer la photo que le joueur devra faire deviner avec le matériel du set qu’il a devant lui.

Le matériel du set pourra alors être mis de n’importe quelle manière et on va l’utiliser dans son entièreté ou pas. Et on va tous faire cela simultanément.

On va tous noter ensuite sur notre fiche du bloc-notes notre supposition pour chacun des autres joueurs. On gagne 1 point quand on devine une photo correctement et la personne qui a réussi à faire deviner sa photo reçoit également 1 point par bonne réponse obtenue.

On note nos points pour la manche et voilà elle est terminée.

On passe notre set à la personne à notre gauche et on commence la manche suivante en laissant les photos ainsi sur la table et en piochant un nouveau jeton coordonnées. La partie prend fin après 5 manches.Celui ou celle qui a le plus de points gagne la partie.

Je me permets de vous partager une vidéo du compte “Vin d’jeu” qui nous a fait une très belle présentation de ce jeu.

Vous pouvez également voir une vidéo d’une partie sur le compte “Kaelawen et les Meeples”.

Le tout se met donc en place rapidement et nous sommes donc prêts à jouer!

A votre avis, quelle photo j’ai voulu faire deviner? Plutôt facile n’est-ce pas?

Notre expérience de jeu et notre avis

Je vais vous l’avouer, on y a joué plusieurs fois sans compter les points. En effet, le plaisir que nous apporte ce jeu est tel qu’on s’en fout totalement de scorer mais qu’on cherche par tous les moyens à représenter le mieux possible la photo que l’on a tirée au sort. On prend aussi plaisir à tenter de deviner ce qu’une autre personne veut nous faire deviner. C’est simple, hyper malin et cela permet de conceptualiser des représentations. Franchement chapeau!

J’ai voulu le tenter également avec mon petit de 6 ans, comme il sait lire les chiffres et les lettres désormais. A chaque fin de manche, il en redemandait et c’est vraiment pour moi un signe d’un excellent jeu : le fait qu’il puisse apporter ce coté addictif. On cherche, manche après manche, à s’améliorer dans nos représentations, dans nos créations. On se marre, on est surpris, on justifie nos choix dans nos chefs d’oeuvre! Bref, on passe un bon moment!

De plus, il y a une certaine rejouabilité vu le nombre de photos (91 recto verso donc 182 images au total).

Il me reste encore à y jouer avec la petite de 4 ans si possible évidemment. Peut-être en adaptant quelques points de règles (pas de pioche de jetons coordonnées, pas de score mais juste la satisfaction de faire deviner et/ou deviner).

Honnêtement je ne sais pas si le jeu aura du succès malgré qu’il ait remporté le Spiel mais je vous conseille de ne pas vous arrêter à son look froid et vieillot car il est excellent et les plaisirs qu’il procure sont là.

Et qu’en disent les mécanicartes?

Je me suis amusé à décortiquer Pictures grâce aux mécanicartes que je me suis procurées dans le cadre de mes études en science et technique du jeu. Elles se divisent en trois catégories : mécaniques, compétences et matériels. Elles permettent dans notre cas de décomposer un jeu. Pour en savoir plus c’est ici.

Voici, selon moi, la décomposition de ce jeu avec celles-ci.

Mécaniques : Correspondance car on fait correspondre des couleurs, des formes ainsi que de la matière à des éléments des photos. Pioche car on va piocher les jetons coordonnées dans le sac en tissu.

Compétences : Observation et dextérité car dans la composition de nos oeuvres, on fait appel à la motricité fine. Mais aussi et surtout la créativité (qui n’est pas présente dans les mécanicartes) et plus précisément la capacité d’abstraction qui désigne la capacité de créer des concepts dans son raisonnement.

Matériels : Jetons (les jetons coordonnées), Cartes (les photos), Contenant (le sac en tissu qui contient les jetons coordonnées), Matériel exotique qui est en même temps du matériel créatif (matériel spécifique au besoin du jeu avec lequel on va créer/composer pour représenter des choses)

Le petit jeu de mots de la fin : un jeu qui tombe à ***PIC? TUR***épondras à cela en y jouant… ok je sors…

Je vous remercie d’avoir lu cet article et j’espère que vous y avez pris du plaisir.

Steve

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Mysterium Parks, guilty or not ?

Fiche technique

  • Auteur : Oleg Sidorenko, Oleksandr Nevskiy
  • Illustrateur : Xavier Collette et M81 Studio
  • Editeur : Libellud
  • Distribué par : Asmodee
  • Nombre de joueuses et joueurs : 2 à 6
  • Durée : 28 minutes
  • Age : à partir de 10 ans
  • Mécanisme(s)-Compétence(s) : Déduction, Observation
  • Prix conseillé : 25€

On ne peut pas parler de ce jeu sans évoquer son grand frère Mysterium. Il est à mon sens devenu un classique dans les jeux d’édition contemporain. Tout en rappelant aussi qu’à la base de la base, c’est tout de même le jeu Dixit qui est à l’origine de cette nouvelle mécanique d’évocation au travers de cartes avec des illustrations oniriques laissant vagabonder l’esprit.

Pour ceux qui ne connaissent pas Mysterium, on est à la rencontre du jeu Dixit avec un bon vieux Cludeo dans un approche coopérative mettant au centre de l’action la communication non verbale. Le tout dans une thématique idéale pour halloween puisque nous sommes des médiums et tentons de communiquer avec la personne venant d’être assassinée.

Pourquoi sortir un stand alone alors que la version de base est top ?

Je pense qu’il y a une envie de la part des auteurs Oleksandr Nevskiy et Oleg Sidorenko et d’autre part, après quelques recherches, une demande de la part de la communauté. En effet, Mysterium est adoré mais reste contraignant dans la mise en place, l’espace nécessaire, la durée de la partie, son coût et l’espace qu’il occupe sur la place. En gros, j’ai vu bon nombre de demandes d’avoir une version « de poche ».

Je pense que c’est totalement louable de la part des auteurs et de la maison d’édition, Libellud,  de prendre en considération les demandes de la communauté. Bon, on n’est pas dans le monde des Bisounours, c’est une société, elle créé de l’emploi et à envie de se développer, je pense qu’il y a aussi un filon qu’ils ont souhaité exploité. Ce n’est absolument pas une critique, je pense que c’est tout à fait justifier de faire converger l’intérêt de sa société avec les demandes de son public.

Mais ont-ils réussi leur pari ?

Avant de s’embarquer sur mon avis, donnons quelques mots sur le cadre dans lequel s’inscrit ce nouvel opus tant sur la thématique que l’adaptation de la mécanique.

Changement de décor, plongeon dans l’univers burlesque du monde du spectacle itinérant. Est-ce que les auteurs sont aussi fan d’AHS ? Je n’en sais rien mais, regardant la série, la couverture de Mysterium Park m’évoque directement cette série. Je vous mets en lien la BO.

On met au placard le manoir au profit d’un parc d’attractions où tout ne se passe pas comme il s’y devrait… Votre objectif en tant que medium sera de retrouver l’auteur et le lieu du meurtre du directeur. Pour cela, le fantôme du directeur vous enverra des visions pour que vous puissiez innocenter des personnes et déterminer le coupable de l’histoire !

C’est parti pour un tour

Comme dans son grand frère, un joueur incarnera le fantôme et les autres joueurs les médiums. En 6 tours de jeu, il vous faudra découvrir le coupable. Pour cela, vous aurez 3 étapes avec :

  • La découverte des potentiels coupables
  • La découverte des potentiels lieux du crime
  • La résolution du crime

La dernière étape ne pourra être accessible que si vous avez bien entendu réussi les deux premières dans les 6 tours impartis.

Lors des deux premières étapes, vous aurez le choix entre 9 coupables et 9 lieux. Lors de la dernière manche, vous aurez 3 associations de 2 cartes, l’une avec un coupable et l’autre avec un lieu.

Grâce aux indices donnés par le fantôme, vous devrez sélectionner la carte du coupable qui vous est attribué. En effet, par rapport à Mysterium, ici, le fantôme devra suivre à la lettre les indications qui lui sont attribuées par la carte intrigue qu’il aura pris au hasard. Cette carte intrigue est composée de 3X3 cases dont 5 cases sont occupés par une couleur représentant chaque médium. De plus, il y a la case témoin marqué par un œil. Lorsqu’un médium se positionne dessus le fantôme indique qu’il s’agit du témoin et l’extralucide peut se déplacer sur une autre case.

Il en va de même pour la pour la découverte des lieux du crime mais avec une nouvelle carte intrigue. Pour ce qui est de la résolution, c’est toujours la carte intrigue nouvellement piochée qui indiquera le duo de cartes « coupable » grâce au chiffre romain indiqué dessus. Pour aider les médiums, le fantôme dans ce tour devra donner une double vision à chaque médium et ils devront trouver un consensus.  

Bon, on répond enfin à la question !

Je ne suis pas un fervent défenseur des mondes manichéens et ma réponse sera tout en nuance. Il y a des points remarquables à souligner mais il y a tout de même un truc qui me chiffonne. Pour couper l’herbe sous le pied aux ardents défenseurs de l’impartialité, j’ai reçu le jeu par l’éditeur Libellud et je les remercie de cette confiance. Mais, ce n’est pas pour autant que je ne soulève pas les éléments qui me perturbent.

Mais rendons à César ce qui appartient à César, il y a des éléments qualitatifs indéniables à cette édition remplissant une partie des objectifs fixés par les auteurs et les éditeurs. Même s’il y a un point qui me taraude, on constate un véritable travail, une réflexion et un produit fini de qualité.

Les points positifs

La première chose qui m’a surpris à la réception de la boîte est sa petite taille par rapport à l’ancienne. On a le sentiment qu’ils ont fait de l’extraction de l’essence de Mysterium. Cela se confirme avec la durée de la partie qui a presque diminué de moitié. Même s’il y a ce chiffre de 28 minutes, y a-t-il une private joke ou un easter egg caché derrière ? Si un auteur ou éditeur a envie un petit commentaire est toujours le bienvenu.

Cette concentration entraîne inexorablement une disparition du cadre majestueux qui s’installait lors de l’ouverture du premier du nom avec ce sentiment d’entrée dans ce manoir entouré de brume. Ici, c’est plus clip clap cloup, on déballe ça sur le coin de la table, on s’installe et on joue direct sans perdre de temps. Sur ce coup-là, ils ont réussi leur pari, c’est ce qui était demandé.

Franchement, si je devais faire une soirée jeux et que j’avais envie d’avoir le sentiment de jouer à Mysterium avec l’objectif que cela soit léger et rapide pour souffler, c’est celui-ci que je prendrai. Il en va de même si je devais faire découvrir le concept à un joueur novice. En gros, on le sort plus facilement et avec plus de monde, et donc plus régulièrement. D’ailleurs, j’ai pu le prendre à mon école pour jouer sur le temps de midi, avec son grand frère, c’était No Way !!!

Du côté de l’esthétique et de la qualité, comme son ainé, c’est un petit bijou pour les yeux. C’est juste magnifique, j’ai pas d’autres mots. On doit remercier  Xavier Collette et M81 Studio pour la qualité de leur travail d’illustration. Il en va de même du côté des éditeurs qui ont optimisé au maximum l’espace disponible dans cette boîte. Tout s’emboîte parfaitement pour tenir de façon condensée. D’un côté, c’est une réduction de coût pour eux et donc pour l’acheteur et de l’autre, il y a peut-être une conscientisation écologique chez cet éditeur dans la chaîne de production. Meilleur rentabilisation de l’espace dans la boîte, plus de boîte sur les palettes, moins de conteneur, etc. Vous avez compris.

Le point négatif

Il n’y a rien à faire, on arrive au cœur de ce qui me chiffonne en fait. Je ne suis pas le seul à m’être posé la question car c’est apparu sur des forums. C’est l’association entre la thématique et la mécanique. Je vais essayer d’être le plus clair possible. N’hésitez pas à donner votre avis en commentaire.

Lorsque l’on joue à moins de 5 médiums, on se rend compte qu’une fois que l’on a innocenté nos personnages, le fantôme met de côté les 3 emplacements sans bulle de couleur. La question qui m’est venue à l’esprit « Pourquoi le fantôme passe son temps à nous faire devenir les innocents s’il connaît les potentiels coupables depuis le début ? ».

On pourrait se dire qu’à 5 médiums, le problème ne se pose pas. Il se pose aussi si chaque joueur trouve du premier coup son innocent, il reste 4 cartes sur le plateau (3 coupables et le témoin). Dans cette configuration qui n’arrive presque pas, à nouveau, le fantôme doit annoncer les potentiels coupables. Il n’y a rien à faire. Même si l’on retrouve cette mécanique de communication asymétrique propre à Mysterium, le fait de devoir trouver des innocents plutôt que des coupables pour au final désigner le coupable me laisse un tantinet perplexe.

Au final, je reste sur un avis nuancé par rapport à Mysterium Park car il reprend les qualités et solutionne les soucis de son aîné mais au passage loupe la cohérence entre les actions portées par les joueurs dans le jeu et la thématique.

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Near and far, aventure, onirisme et contrées désolées les ingrédients d’un récit épique

L’année 2020 vient de s’écouler il y a quelques jours. Soyons positif pour 2021 en attendant retrouvez mes 3 jeux coups de cœur de cette année. Dans mon cœur, ils ont tous la première place, pas de podium. Dans l’ordre chronologique de sorties, nous avons  Les petites bourgades de Peter Mc Pherson, ensuite Parks de Henry Audubon et pour finir, Near and Far de Ryan Laukat.

Aujourd’hui, dans cet article, vous retrouverez ce que j’ai adoré dans Near and Far, si vous souhaitez (re)découvrir mes articles sur Les petites bourgades et Parks, cliquez sur les images ci-dessous.

Fiche technique

  • Auteur : Ryan Laukat
  • Illustrateur : Ryan Laukat
  • Editeur : Lucky Duck Games (VF) Red Raven Games (VO)
  • Nombre de joueuses et joueurs : 2 à 4
  • Durée : 90 minutes
  • Age : à partir de 14 ans
  • Mécanisme(s)-Compétence(s) : Narratif, Gestion et Exploration
  • Prix conseillé : 55€

C’est un fait, j’ai mis pas mal de temps avant de sortir cet article car je voulais vraiment prendre le temps d’y jouer et de le découvrir posément. Le concept et l’esthétique m’ont clairement accroché dès que je l’ai vu disponible pour un exemplaire presse auprès de Lucky Duck Games. Je tiens d’ailleurs à les remercier de me l’avoir fourni.

C’est la troisième fois que cela m’arrive en 2020 où j’ai un méga coup de cœur pour un jeu. Le premier a été Les petites bourgades et le second Parks. Si j’ai mis du temps à vous en parler c’est tout simplement que je voulais prendre le temps mais surtout, ce jeu est vachement complet et il peut prendre du temps à découvrir non pas parce que les règles sont longues. Tout simplement, il offre énormément de possibilités de jeux et d’aventures.

Cet opus est un stand alone mais il est relié de par sa narration et sa thématique avec Above and Below d’ailleurs les tuiles personnages dans Near and Far sont utilisables sur le premier opus. Il est important de souligner qu’il est inutile d’avoir joué à l’un pour pouvoir jouer à l’autre. Comme je viens de vous le dire, on est sur un jeu narratif qui frise avec le jeu de rôle tout en restant bien ancré dans le monde du jeu de plateau. C’est un peu un Go between permettant de rassembler les deux univers. Un fait important et arrivant exceptionnellement, c’est aussi un coup de cœur pour mon compagnon, Christophe qui lui est plus tourné vers le jeu de rôle.

Ce titre ne m’était absolument pas inconnu, je l’avais déjà épinglé sur Kickstarter lors de sa campagne. Je n’étais pas encore tombé dans ce vice et je n’avais pas backé… J’aurai dû suivre mon instinct de ludiste ^^ Cela a d’ailleurs été une très belle campagne rassemblant 7245 contributeurs pour un montant de 520 000$. Mais, nous avons clairement la chance qu’une maison d’édition prenne des risques et sorte des titres qui sortent des lignes habituelles ou encore vont dénicher quelques perles outre-Atlantique. Ce n’est que les canards chanceux ou en anglais Lucky Duck Games.

Lorsque l’on est amateur de jeu, on ne peut qu’être interpellé par son auteur qui n’est d’autre que Ryan Laukat connu pour plusieurs jeux mais l’un que l’on retrouve souvent en ludothèque est 8 minutes pour un empire ou encore Un monde oublié. Avec Near and Far, je me dis que l’éditeur principal de ces jeux, Iello, ne s’y retrouvait pas par rapport à leur cœur de cible.

Pourtant, nous restons sur un jeu de plateau où se mêlent des mécaniques de gestions, d’optimisation, de hasard contrôlé mais aussi et surtout, de la narration. Cet aspect est celui qui me fait souvent craquer pour un jeu comme les Times Stories, les Demeures de l’Épouvante et encore bien d’autres. Avec ce type de jeu, on est sur du quitte ou double, une réussite ou un échec.  

La narration dans un jeu est pour moi essentiel. C’est ce qui va donner du corps au jeu permettant un véritablement investissement dans son personnage et dans ses choix. Je peux vous le garantir à 200% vous retrouvez tous ces ingrédients dans Near and Far.

Dans cet article, je ne vous parlerais uniquement de Near and Far mais si vous souhaitez découvrir plus en détails l’autre Opus Above and Below, je vous invite à visionner la vidéo de ludochrono ci-dessous.

Thématique

Une chose est sûre, nous ne savons pas si nous sommes sur notre planète dans des millions d’années ou si nous sommes dans un univers lointain et inconnu. Ce que nous savons, c’est que nous sommes dans les terres arides et désolées d’Arzium peuplées de différentes tribus avec des Hommes-lézard ou encore des nomades.

En tant qu’aventurier, vous avez une quête bien précise à mener : rejoindre la dernière Ruine où se trouve la cité contenant un Artefact très puissant. Pour cela, vous devrez traverser et explorer les différentes contrées mais votre chemin sera semé d’embuches. N’oubliez pas de réaliser les quêtes sur votre chemin, elles pourraient vous apporter gloire comme désespoir ! Il faut bien tenter sa chance…

Durant une partie, vous allez recruter et contrôler un ensemble de héros qui vont vous aider dans votre périple. L’endroit du recrutement se trouve en ville, dans le Saloon ! C’est évident dans tout bon jeu épique, les compagnons d’armes ou d’aventure, ils sont là où l’on prend quelques coups. Le choix de votre équipe va être crucial pour affronter les dangers de la campagne illustré dans les magnifiques doubles pages de l’atlas. Au total, vous aurez 10 map où vous aventurez. La première, les Cavernes de Glogos  sont une initiation au jeu que je vous recommande très vivement avant d’entamer votre vrai périple.

Dans cette ville, en plus de recruter, vous pourrez réaliser plusieurs actions comme dans un RPG sur console, vous aurez la possibilité d’échanger des matières premières, faire le plein de ressources et bien entendu, récolter des équipements pour améliorer les performances de votre équipe.

Mécaniques et actions  

La première fois que j’ai mis en place le jeu et que j’ai ouvert le livret de règles, j’ai cru que j’allais pleurer car cela me semblait interminable à lire. Mais c’est l’un des premiers jeux où la maison d’édition est aussi explicite sur les règles.  De prime abord, cela m’avait un peu découragé, une fois que l’on passe dans le vif de l’action, ce livret de règles permet de jouer sans énormément d’interrogation face aux situations que l’on rencontre.

L’autre point est la mise en place, je voyais des pièces et des pièces et encore des éléments. Je me disais qui’il y avait pleins d’éléments, qu’on allait passer des heures à faire des échanges, ou chipoter avec pleins de petits éléments et au final, perdre tout l’intérêt narratif et immersif du jeu.

De nouveau, je m’étais fait une fausse idée. D’une part, il y a pas mal de matériel car il y a 3 modes de jeu que je vous expliquerai un peu plus bas. Ensuite, une fois la première voir la deuxième mise en place, le jeu est sur une mécanique pure. C’est ce qui m’avait fait adorer déjà Les petites bourgades. C’est à nouveau le cas, ici, avec Near and Far.

Dans le jeu, vous avez deux espaces distincts avec la ville et l’atlas.

Dans la ville, vous aurez 7 lieux possibles avec leurs propres actions clairement symbolisé sur le plateau :

  1. Se rendre à l’Hôtel de Ville
  2. Recruter au Saloon
  3. Acheter des porteurs dans les étables
  4. Déambuler dans les allées du Magasin Général
  5. Activer la Ferme
  6. Visiter la Hutte mystique
  7. Entrer dans le Mine

Dans l’atlas, vous aurez 2 actions possibles :

  1. Vous déplacez
  2. Construire une tente

Ce sont les symboles que vous rencontrerez sur votre chemin qui déclencheront des événements de combat ou encore des quêtes en lien avec le livret d’histoires. Pour résoudre ces quêtes, votre destin sera scellé par le hasard mais il sera raisonné ! La manière dont vous constituerez votre équipe ainsi que la composition de votre équipement s’additionnera au résultat de votre dé. De plus, vous pourrez dépenser des cœurs pour rajouter des résultats.

Mon avis

De ce que j’en ai lu sur Above and Below, l’opus Near and Far propose des mécaniques bien différentes et j’ai envie de dire heureusement car où serait l’intérêt pour ces deux jeux si l’on y retrouve exactement la même chose ! Mais, apparemment, ici, les mécaniques seraient encore plus complètes liées au matériel et au support d’exploration.

Pour ma part, je ne pourrais vous donner que mon avis sur la version Near and Far n’ayant pas joué à Above and Below.

Ce qui nous a plu, c’est la mécanique d’exploration de ce monde magnifiquement beau de par ses illustrations tout en étant extrêmement ravagés. Une simple mécanique d’exploration est totalement insuffisante pour faire prendre la sauce. Cette réussite se situe dans le juste équilibrage entre des mécaniques simples, de la gestion et une narration enveloppant le tout.

On prend du plaisir à se déplacer dans les différents lieux de l’atlas où l’optimisation de son équipe va pousser les joueurs à développer des approches différentes. Lors de mes premières parties, j’avais axé super fort sur le combat et je passais mon temps à combattre tout ce qui passait. Cela m’a clairement joué des tours dans des situations où j’avais besoin d’autres capacités surtout dans les quêtes.

C’est un élément important, ce sentiment d’être en pleine maîtrise de son équipe et de sa gestion auquel s’ajoute des rebondissements grâce à son aspect narratif. En effet, lorsque l’on arrive dans un lieu, comme dans un jeu de rôle, on ne sait pas ce qui va nous tomber dessus et encore moins les compétences qui seront nécessaires à sa réalisation.

C’est ici qu’intervient le hasard du lancer de dé qui est lui-même maîtrisé par le joueur. Un mauvais lancé peut être contrebalancé par les compétences de son équipe ou encore en dépensant des cœurs.

Un autre élément que je trouve ingénieux est la diversité des modes de jeu. Habituellement, dans un jeu de plateau, on a la version standard et la version solo. Ici, vous vous retrouvez avec 3 modes de jeu : Initiation – Campagne – Personnage – Arcade

Cette diversité est un atout permettant à chaque joueur d’adapter le jeu à ce qu’il aime ou encore au temps qui est à sa disposition. Pour moi, c’est le mode campagne qui est le plus intéressant où vous allez parcourir les 10 maps de l’atlas et faire évoluer et avancer votre équipe. L’auteur a même pensé à offrir la possibilité d’acheter des compétences. Cela me fait trop pensé à Final Fantasy ou tout RPG de qualité. D’autant plus que les événements des quêtes sont en harmonie avec les lieux que vous visiterez et vous découvrirez ce monde au fil de votre aventure. De même, pour donner encore plus de corps à votre histoire, certains intervenants feront leur réapparition plus loin à d’autres endroits.

Le mode arcade c’est la version light du jeu où on ne joue pas avec le livret d’histoire mais avec les cartes propres à ce mode à la place.

Le mode personnage va être centré sur un personnage qui évoluera durant 3 parties sur 3 cartes différentes de l’atlas au choix avec l’obligation que la dernière soit la carte N°11. Pour ce mode, vous irez lire des chapitres dans l’espace dédié dans le livret d’histoire.

Même si l’on est dans un jeu narratif, vous l’aurez constaté, il va falloir avoir de la stratégie plein les poches pour optimiser au mieux afin de remporter la partie. En effet, en fin de tour, vous allez comptabiliser vos points et voir qui est l’heureux gagnant ! Il faut souligner que l’absence d’un carnet de score est assez embêtante même si une feuille de brouillon fait très bien l’affaire. Maintenant, lors de mes parties que je gagne ou que je perde, pour une fois, cela m’était égale. Les points restent un détail en fin de partie pour moi, l’optimisation de son équipe n’est pas là pour gagner des points mais surtout et presque uniquement pour réussir les différentes quêtes et actions du plateau campagne.

Cette mécanique ouverte et ce côté narratif permet une très très très grande rejouabilité grâce à ce livret de rencontre ultra bien fichus. Ils ont même pensé à placer des petites cases à cocher lorsque lors d’une partie on a déjà lu cette partie de l’histoire. Avec ce système, vous pourrez vous assurer d’avoir tout parcouru mais surtout, et c’est le plus important, vous en avez pour des heures d’aventures et de plaisir.

Maintenant est-il un jeu que l’on utiliserait pour initier un joueur, j’ai envie de dire oui car il y a une véritable possibilité de gradation dans les modes de jeu et leurs difficultés ainsi que dans les différentes maps. Pour autant, il faudra s’assurer de ne pas le larguer si vous vous lancez en mode campagne avec des joueurs plus aguerris. Un jeu d’initiation si vous le guider dans ces choix et que votre objectif n’est pas uniquement de gagner mais de lui faire aimer ce type de jeu.

Si vous êtes un joueur expérimenté, je vous conseille de vous lancer directement car vous allez vraiment adoré ! Moi je suis plus que conquis par ce titre et il ne quittera pas ma kallax. Il est dans la colonne des incontournables.

Du côté de l’interaction, elle est bien présente et il y a une véritable bonne ambiance autour de la table grâce à la narration. Vous prendre du plaisir à lire et à écouter les aventures qui se déroulent dans votre contrée. Pour moi, ce qui est idéal, ici, c’est que les histoires sont courtes permettant au jeu de ne pas retomber. Cela pourrait en frustrer plus d’un surtout les purs rôlistes. En ce qui me concerne, j’ai aimé ce choix éditorial permettant de plaire à tout le monde à la fois pas trop long mais aussi pas trop faiblard dans l’histoire. On a un rythme soutenu c’est le plus important car un joueur qui décroche dans un jeu narratif pour discuter d’autres choses ou checker son Fb, c’est pénible.

J’aurai clairement apprécié un rajout permettant un élément coopératif favorisant cette interaction. Je viens d’écrire l’article et en faisant des recherches, l’extension Les Mines d’Ambre rajoutant une nouvelle tuile à placer à côté du plateau ville. On peut grâce à l’extension explorer en profondeurs les mines où s’y cachent des trésors mais aussi des monstres. Avec l’extension arrive une nouvelle tuile Hutte mystique, un nouveau magasin et des nouvelles cartes menaces. Mais, surtout un mode coopératif. Je suis impatient de la découvrir.

Pour finir la qualité et la beauté de ce jeu. Je ne parle pas souvent du prix mais dans ce cas, je peux vous dire que j’en attendais pas autant pour ce montant. Ok, c’est pas full de figurines en plastique mais c’est pas le fond d’un jeu ! Le principal est sa mécanique et dans notre cas la qualité rédactionnel des récits mais ce n’est pas suffisant pour que cela fonctionne. Il faut à nouveau un équilibre entre la qualité graphique de sa thématique et sa mécanique.

Ici, c’est l’auteur lui-même qui est l’illustrateur. Son style que l’on pourrait qualifier de naïf correspond complètement à l’univers permettant le développement et la construction de l’imaginaire autour de l’histoire de son personnage. J’accroche complètement mais c’est purement personnel.

Pour finir, la qualité au sens propre du matériel est importante car il est toujours plus appréciable d’avoir une belle qualité entre les mains que quelque chose de bof. Ici, les cartes sont d’une belle épaisseur donnant le sentiment de résistance, il en va de même pour les plateaux, les jetons. C’est pour toutes ces raisons que son prix est vraiment plus que justifié.

Comme je vous l’ai dit dans le titre, c’est mon dernier coup de cœur 2020. On est face à un travail de qualité tant dans sa mécanique que dans son esthétique et son matériel. Si les intentions de l’auteur étaient d’offrir un RPG sur plateau, il a réussi haut la main son pari où storytelling, gestion et rythme soutenu sont de mise. Chapeau, je valide de tout mon cœur.

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Feelings, nouvelle édition au coeur des émotions

Récemment, j’ai eu l’honneur d’être contactée par Sabrina de Act In Games pour tester la nouvelle boite de Feelings, le jeu des émotions (nouvelle génération).

J’ai été super ravie de pouvoir l’avoir en avant-première et d’en faire profiter mes élèves.

Tout d’abord, parlons du jeu en général, mais avec la vision d’une institutrice passionnée :

Feelings est un jeu coopératif qui permet aux joueurs d’avoir de l’empathie vis-à-vis des autres et d’exprimer ses émotions, dans des situations quotidiennes ou parfois plus spéciales. Grâce à des cartes illustrées représentant des émotions, ceux-ci doivent voter pour savoir ce que leur camarade aurait ressenti dans telle ou telle situation. Si la personne a raison, tout le groupe marque un point, et pourra donc avancer le pion sur le plateau.

Certains reconnaitront ce jeu avec la description, car oui ! Celui-ci s’est fait une nouvelle beauté et a également simplifié les règles, mais aussi son matériel. Un point précis y sera consacré plus bas.

À la réception du jeu, je n’ai pu cacher ma joie en voyant les illustrations. En réalité, lorsque l’on m’a annoncé une nouvelle version du jeu, je ne savais pas à quoi m’attendre en termes d’illustrations. Ici, ce ne sont plus des enfants mais des animaux qui sont représentés. Et quel joli coup de pinceau ! Entre la dernière version et la nouvelle, mon cœur penche sérieusement pour cette dernière ! Pourquoi ? Premièrement parce que les personnages sont plus accrocheurs et surtout qu’après avoir présenté les deux boites aux enfants, ceux-ci préféraient la dernière à l’unanimité !! Ils disent que les cartes sont plus rigolotes et ont beaucoup aimé l’association des émotions à certains animaux : la cigale associée à la fierté, le serpent à la méfiance, etc. On y fait inconsciemment des liens entre nos films Disney, ou encore les fables de la Fontaine.

Deuxièmement, même si les émotions sont représentées sur des animaux, je les ai trouvées plus claires que les anciennes, et faciles à comprendre.

Pour planter le décor, je suis institutrice en 5 et 6e primaire dans une école à pédagogies alternatives. J’utilise très souvent le jeu avec mes élèves et en guise rituel matinal, je leur ai proposé une partie en trois groupes. Pendant que les deux groupes jouaient à des jeux connus, j’ai pris en charge l’explication des règles de Feelings.

En réalité, pour le premier groupe, je pense sincèrement que les élèves auraient pu lire et comprendre seuls les règles : celles-ci sont épurées, illustrées (point très important pour les enfants ayant des troubles dys) et très structurées. Pas besoin de vidéo règle pour cette fois ! 

Les fois suivantes, les enfants les ont découvertes eux-mêmes, ils ont donc travaillé le savoir-lire 😉 Bingo !

Concernant le matériel, je l’ai beaucoup comparé avec l’ancienne version, qui selon moi, comportait beaucoup trop de pièces, de cartes et de tas de cartes à faire. Si l’on ne rangeait pas systématiquement et correctement la boite (ce qui arrive souvent en classe), la mise en place était souvent fastidieuse.

En ouvrant la boite, j’ai presque eu un « choc » en découvrant le peu de matériel ! Mais attention, ce n’est pas négatif ! Le jeu est mis en place en moins de trois minutes et les enfants sont tout à fait autonomes dans la préparation du jeu. J’y accorde un point très important, car le fait de jouer débute lorsque l’on ouvre la boite jusqu’à ce qu’on la referme. Dès le plus jeune âge, faire participer les enfants aux mises en place leur permet de les responsabiliser et les sensibiliser au soin et rangement du matériel. Alors, il y a moins de matériel, mais ce n’est vraiment pas plus mal !

Les cartes « émotions » sont très touchantes, en voici quelques-unes.

Chaque vendredi, nous organisons un rituel avec des cartes magnifiquement illustrées et abstraites pour que les enfants puissent exprimer leurs ressentis et comment la semaine s’est déroulée. Depuis qu’ils ont découvert les cartes « émotions » de Feelings, certains m’ont réclamé leur ajout au rituel. Je me suis donc empressée d’en photocopier ! Les enfants ont plus de facilités à s’y identifier : c’est moins agressif de dire que l’on se sent en colère en montrant une carte avec un poulpe colérique que de le dire tout-haut !

J’ai fait face à une problématique lors des parties de jeux : ayant quelques élèves qui ne parlent pas Français à la maison, certains ont un vocabulaire plus limité et moins précis. Quelques-uns ont donc été bloqués pour exprimer les exprimer. Mais j’ai pu rebondir sur les illustrations présentes afin de leur apprendre de nouveaux mots.

Anciennement, il y avait trois types de cartes « émotions », les émotions neutre, positive, et négative.

Comme ce point est très subjectif, celles-ci ont été remplacées par deux types de cartes les « X » et les « O ». Elles ne portent plus de nom afin de laisser l’enfant choisir si c’est positif ou non pour lui.

Après avoir joué quelques fois avec les enfants, ceux-ci n’ont pas vu de redondance dans les cartes « situations » : ce sont les cartes avec lesquelles on plante le décor. Tu découvres la possibilité de ne pas vieillir ; Tu surprends tes parents en train de se faire un câlin ; Un camarade te montre un couteau dans son sac ; Ta mère t’accompagne tous les matins devant la grille de l’école ; Un ami vous propose d’essayer des champignons hallucinogènes, etc.

Comme vous l’aurez remarqué, les situations sont très diverses : on compte celles sur la famille, à l’école, entre amis, dans la société et celles du jeu Feelings révélations (pour les adultes). Les cartes sont donc à trier en fonction de l’âge de vos enfants et de la situation.

De plus, rien ne vous empêche de créer vos propres cartes en fonction de l’actualité de la classe ou de la société. Cela permet aux enfants d’y réagir facilement et de façon ludique.

Pour les enseignants, Act In Games a pensé à tout : sur le site unjeudansmaclasse.com des fiches pédagogiques et du contenu additionnel est présent à télécharger gratuitement ! Vous n’avez plus qu’à glisser cela dans votre journal de classe pour justifier l’utilisation de Feelings dans votre classe ! Ces fiches sont adaptées pour les ludistes et ceux qui connaitraient moins les techniques d’animation. Bref, vous n’avez plus d’excuses pour intégrer du jeu dans vos cours d’art, de citoyenneté, de français, etc !

J’ai eu un gros coup de cœur pour le dossier spécial « crise sanitaire ». On ressent que les concepteurs ont voulu faire de ce jeu un réel outil scolaire et ludique : tout le jeu est disponible en version imprimable sur le site et avec de nouvelles cartes « Covid ». Ces situations sont celles que les enfants vivent au quotidien ce qui rend plus facile la communication. Avant de jouer à ce jeu et avec les cartes spéciales, je n’avais pas ressenti la nécessité de parler en profondeur de cette crise actuelle : elle faisait presque partie du décor. Mais pour les enfants, c’est plus difficile à vivre.

Enfin, après avoir joué, analysé et comparé plusieurs fois le jeu avec l’ancienne version, je trouve que celui-ci est très complet, adapté aux enfants, un réel outil ludique scolaire, accessible (moins cher que le premier) et réellement pensé pour y jouer avec de plus grands groupes. Bref, on sent que la conception a été pensée et réfléchie.

Si je devais émettre un jugement plus « négatif », je parlerais du nombre réduit de cartes « émotions », qui, pour les adultes, risqueraient au fur et à mesure des parties, d’être trop redondantes.

Bref, vous l’aurez compris, je vous recommande le jeu Feelings pour introduire et entretenir les émotions en classe, entre famille, avec vos enfants car, comme disait Einstein : « Tout divertissement est une éducation plus efficace que l’école parce qu’il fait appel à l’émotion et non à l’intelligence ».

J’ai hâte d’essayer de nouveaux jeux, et mes élèves aussi ! 😉

Aurélie B.

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Campy Creatures, une ode à la folie et l’horreur des séries B

Fiche technique

  • Autrice et Auteur : Mattox Shuler
  • Illustrateur : Emrich
  • Editeur : Matagot (VF) Keymaster Games (VO)
  • Nombre de joueuses et joueurs : 2 à 5 
  • Durée : 30 minutes
  • Age : à partir de 10 ans
  • Mécanisme(s)-Compétence(s) : Bluff, Collection et Déduction
  • Prix conseillé : 25€

Une autre petite perle de l’éditeur de Parks s’inscrivant dans la thématique et l’univers graphique des séries d’horreur de mon adolescence. Et pour une fois, on n’incarne pas les gentils ! Qui sera le plus fou des scientifiques fous ? 

Dans cette petite boîte, vous y retrouverez le jeu de base et son extension comprenant : 

  • Le plateau de jeu
  • 5 jeux de 10 cartes Créatures avec chacune un dos différent pour les distinguer
  • 37 mortels
  • 9 lieux
  • 5 pions œil en bois
  • 5 pions clash pour se mettre la misère ^^ (aussi en bois)
  • 1 livret de règles

 Ce condensé des icônes de l’horreur nous a été concocté par Mattox Shuler, un auteur moins connu ayant que quelques jeux à son actif, Control, l’extension Nightfall de Parks et celui que nous découvrons ensemble. Il faut souligner aussi que Control sera localisé par Matagot. Avec Control, nous serons aspirés dans un thème fondateur de la science-fiction, le voyage dans le temps. Graphiquement, on retrouvera des similitudes avec Campy Creatures. Maintenant, j’espère que ce ne sera pas qu’une nouvelle thématique sur une mécanique identique qui serait assez décevant. Pour Parks Nightfall, je pense bien que Matagot le localisera aussi où je serai tellement triste. Parks est pour moi, l’un des meilleurs jeux de l’année 2020. L’extension apportera son lot de nouveautés tant sur la mécanique que sur l’univers graphique. 

Les mécaniques principales avec Campy Creatures sont le bluff et la déduction. Cela mettra de l’ambiance autour de la table avec une véritable prise en main aisée et agréable. Pour autant, la première mise en place fut laborieuse mais je n’arrive pas à savoir les raisons. Je pencherai sur ma lecture en diagonale des règles car lors des parties suivantes la mise en place s’est passée sans aucune difficulté. 

Lors des tours de jeu, vous devrez collectionner des mortels apparaissant au centre de la table afin de vous faire gagner des points de victoire en fin de manche. La manière dont vous scorerez dépendra de la nature des mortels composant votre collection. L’ordre de collection des mortels dépendra des monstres mis en jeu lors de la manche. En toute logique, c’est le joueur avec le monstre de la plus haute valeur qui l’emporte… Les monstres ont plus d’un tour dans leur sac, leurs pouvoirs spéciaux pourraient inverser la tendance provoquant des retournements de situation inattendus. Pour finir, les égalités seront départagées par un appareil que seul un Mad Scientist pouvait concevoir, c’est le Clash-O-Mètre. Cet appareil est juste conçu pour alimenter la revanchardise des plus dangereux scientifiques autour de la table. Sans oublier qu’il départage les égalités By the way.

En gros, on s’arrache les mortels au sens propre comme figuré… Evitons d’en mettre partout, le sang ne part pas facilement à la machine. 

La mise en place

  1. Constituez la pioche de Mortels composé toujours de ceux de base auxquels s’ajoute la catégorie des assistants en plus d’une ou plusieurs autres catégories variant selon le nombre de joueurs. 
  2. La mise en place des lieux. Indispensable pour se mettre dans l’ambiance. Elle est composée de 3 lieux avec en dernier un lieu spécial plus corsé. Entre ses lieux, vous placerez un nombre d’assistants dépendant du nombre de joueurs autour de la table. 
  3. Distribuez le deck de monstre avec le même dos à chaque joueur

Tour de jeu 

Il est découpé en 4 phases  : 

  1. La révélation des mortels 
  2. Le choix de la créature pour collecter les mortels
  3. Révélation et activation des pouvoirs de leurs créatures (1 point rouge)
  4.  Capture des mortels et activation des pouvoirs de leurs créatures (2 points rouges)

La résolution de la capture se fait dans l’ordre décroissant. L’activation des pouvoirs avec 1 point rouge se fait dans le même ordre. Ceux avec deux points rouges, leurs pouvoirs s’activent au moment de la capture. 

Les manches vont se dérouler de cette manière jusqu’à ce qu’il ne reste plus qu’une seule carte Mortel dans la pioche. Cela déclenche la fin de manche. On regarde alors les combinaisons composant les mains de chaque joueur. Celui possédant le plus de maisons obtient la carte lieu et peut appliquer son pouvoir. Ensuite, on compte les points rapporté pour chaque mortel et on avance son pion sur la piste de score. Par exemple, les adolescents s’additionnent alors que les plongeurs rapportent des points négatifs et d’autres, il faudra avoir un nombre pair de cartes de la même catégorie pour scorer. 

Pour préparer la seconde manche, l’ensemble des Mortels sont remis en jeu à l’exception des assistants. 

Au final, ce sera le joueur avec le plus de points qui remportera la partie.

Mon avis

Lorsque j’ai choisi ce jeu, je n’en connaissais absolument pas la mécanique ou même son fonctionnement. C’est son esthétique qui m’a totalement conquis. C’est comme quand on achète un livre à sa couverture, c’est à double tranchant. Ici, cela s’avère une super bonne nouvelle, la mécanique est très agréable. 

Pour encore parler de l’esthétique qui m’a conquis, c’est la véritable qualité des illustrations. On peut dire que KeymasterGames prête toujours une attention de fou à cet aspect. On l’a déjà vu avec Parks. Ici, aussi, le thème est totalement au rendez-vous, on retrouve l’univers graphique des films d’horreur de l’époque. On a vraiment le sentiment de regarder des affiches de films de l’époque avec un côté intemporel. Une véritable cohérence dans la construction graphique tant sur le choix des polices avec les textes ou encore les illustrations. 

Dans la même catégorie, la qualité du matériel est bien aussi au rendez-vous avec des pions en bois joliment colorés. Pour autant, ils sont de petites tailles comme le plateau de score… C’est un peu le souci du jeu, avec mes grosses paluches lors du déplacement des différents éléments, j’ai bousculé pas mal de pions… Un peu plus grand aurait été mieux. Pour autant, un plus grand plateau n’aurait pas été pertinent car le fond de la mécanique repose sur les cartes du jeu. Il n’aurait pas été opportun d’augmenter la taille de la boîte. 

La thématique est totalement respectée déjà dans le cadre des illustrations mais aussi dans les pouvoirs de chacun des personnages. On peut dire que leur pouvoir leur colle bien à la peau ! Comme avec le Blob qui va pouvoir assimiler le pouvoir d’une autre carte que vous défaussez de votre main. 

Pour en revenir à la mécanique, on est dans un gameplay très très fluide et d’une très grande simplicité sans équivoque sur les étapes ou encore les pouvoirs des monstres. On capture des mortels en tentant de contrecarrer les possibles choix des autres en utilisant une carte puissante ou avec un pouvoir renversant la situation.  On peut dire que même si je l’intrigue quand même dans un party game, il y a une dimension tactique dans le choix des cartes pour entraîner des réactions en chaîne. Les renversements de situation sont toujours plaisants et empêchent d’avoir des parties monotones. La diversité des pouvoirs des lieux et la manière de scorer en fonction des choix de mortels que l’on fait empêche d’avoir des parties similaires. 

Des règles faciles à prendre en main mais comme toujours dans ce type de jeu, les premières parties seront accompagnées d’un aller-retour avec les règles pour bien saisir le pouvoir des différents monstres. Il aurait été opportun d’avoir une symbolique plus claire pour distinguer les cartes où les pouvoirs se résolvent dans l’ordre décroissant ou lors de la capture des Mortels. 

De même, le tempo du jeu est soutenu car il n’y a aucun temps mort ! On sélectionne, on révèle et on compte ensemble et au même moment. Cette situation donne une rythmique dans la partie très soutenue. On ne s’ennuie pas. 

Du côté de l’interaction, le bluff est au centre de ce jeu favorisant les étonnements et les retournements de situation. Cela entraîne les fous rires mais aussi la revanchardise ! On va se clasher à l’aide de ses monstres ou du clash-o-mètre ! Personne ne sera en reste et personne ne sera épargné par la folie des savants fous. 

C’est un jeu idéal à sortir pour les fêtes de fin d’année car il fonctionne extrêmement bien à deux ou à trois. 

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Paris 1889 : une exposition monstrueusement universelle !

Retrouvons nos camarades d’aventure de Greenville qui ont eu la bonne idée de revivre leur aventure en retournant dans les souterrains de la ville. Perso, après l’aventure qu’ils ont vécue, je serai resté au bar pour me prendre juste quelques rasades de ponge. On est dans un scénario des bons vieux films d’angoisse où on se demande pourquoi nos héros vont dans la cave d’où provient un bruit bizarre.

Il faut bien créer l’intrigue non ? Comme attendu, ils découvrent un portail magique et sautent dedans. Perso, je serai resté bien tranquille mais, vous savez ce que l’on dit de la curiosité ^^ C’est un vilain défaut.

Et bien bam dans leur face, on les avait prévenu, ils sont maintenant 110 plus tôt et sur un autre continent ! Ils ont enquêté et se sont rendu compte que la secte de l’anneau rouge existait déjà à Paris durant l’exposition universelle. Le leader, l’Abomination, de cette secte devra être stoppé et vous seul pouvez y arriver !

Quand on a une équipe gagnante, on est toujours content de revoir un titre de Florian Fay édité par Sorry We Are French revenir sans compter les améliorations par rapport au premier opus. La question que je me pose est de savoir si ce nouvel opus était déjà dans les boîtes à la sortie du jeu Greenville ou si tout simplement, ils ont entendu les demandes des joueurs et que celui-ci serait une amélioration de la mécanique du premier jeu.

 J’avais écrit un article sur le premier titre et il m’avait déjà convaincu même s’il y avait quelques ajustements à faire pour qu’il y ait un renouvellement dans les parties et en conservant la tension jusqu’à la fin du jeu.

Dans cette nouvelle version de ce jeu coopératif de 3 à 6 joueurs, pour moi, l’auteur et les éditeurs ont corrigé les soucis de la première histoire. On retrouve structurellement la mécanique du premier jeu tout en y apportant des nouvelles mécaniques offrant plus de tension lors de la partie. Pour ce qui est des illustrations, elles sont tout aussi sublimement horribles signées David Sitbon.

Dans la première histoire, vous deviez essayer de vous retrouver pour vous sortir de cet univers parallèle. Ici, vous devrez enquêter pour trouver les mystérieux anneaux. Si vous collectez l’ensemble des anneaux du plateau, vous remportez la partie. Par contre, si l’Abomination attrape l’un des joueurs, vous devrez résoudre la Scène finale ! 

Mise en place

  1. Placez le plateau au centre de la table
  2. Chaque joueur choisi son personnage et prends le matériel de sa couleur
  3. Placez la figurine Monstre sur son emplacement
  4. Placez les 4 jetons Traque face cachée sur les emplacements correspondants
  5. Placez un jeton Objet au hasard sur l’emplacement loupe
  6. Placez les 5 anneaux sur les marques « anneaux »
  7. Chaque joueur pioche une carte qu’il place face visible devant lui
  8. Désignez l’enquêteur et remettez-lui la tour Eiffeil, le jeton Monstre et les jetons personnages de chaque joueur.

Tour de jeu 

  1. Phase de narration : Chaque joueur décrit sa carte et sur leurs intentions par rapport à la situation
  2. Phase de l’enquêteur : l’enquêteur pioche des carte et les révèle autour du plateau et doit associer chacune des cartes révélées un jeton personnage. Seul l’enquêteur connaît les associations. 
  3. Phase d’investigation : les autres joueurs doivent trouver les bonnes associations.
  4. Phase de résolution : on révèle les associations pour déterminer le sort du groupe. Pour chacune des associations correctes, vous avancez dans votre quête des Anneaux mais pour chaque erreur, l’Abomination se rapproche de vous.

La scène finale s’enclenche si vous n’avez pas récolté l’ensemble des anneaux et qu’un joueur se fait attraper par l’Abomination. Dans cette phase de jeu, vous suivez les mêmes règles que dans un tour de jeu normal mais seuls les joueurs actifs (non capturés) ont encore leur carte face visible. C’est dans la phase 2 que l’enquêteur va utiliser les anneaux découverts pendant la partie pour insister sur un détail des cartes visibles pour permettre l’association. Dans la phase 3, la moindre erreur entraîne l’échec de la partie.

Mon avis

La mécanique narrative est toujours aussi agréable ouvrant vraiment un monde des possibles. On y retrouve une véritablement dimension de roleplay offrant une véritable liberté aux différents joueurs autour de la table. Attention à deux choses, la première, ce sont les joueurs pleins d’engouements qui se laissent emporter dans leur rôle et qui au final donnent trop d’informations et brouillent totalement les pistes mais c’est trop cool car tu vis à fond l’histoire. La seconde, ce sont les joueurs qui n’aiment pas imaginer pleins d’histoire et faire vivre leur personnage et souvent se résument à décrire la carte, c’est pas cool pour l’histoire mais c’est super cool car souvent, on ne se trompe pas dans les associations.

On peut vraiment dire que cette variabilité dans les parties dépendant des joueurs était déjà présente dans la version Greenville. Vu la situation épidémique, je n’ai joué qu’à une version 3 joueurs. Ce que nous avons apprécié dans cette suite, c’est le fait d’une part d’avoir le monstre qui nous poursuit donnant une véritable tension et avoir ce sentiment d’être traqué et poursuivi comme dans un bon film d’horreur. Surtout que si elle vous attrape tout en vous faisant passer un sale quart d’heure, vous voilà projeter dans la résolution de la scène finale ! De l’autre, c’est la résolution via la scène finale pouvant arriver à tout moment dépendant de la qualité de votre partie car plus on aura des anneaux mieux on s’en sortira.

Cette nouvelle fin est moins brutale que dans la première version où cela finissait un peu plouf. Ici, on se dit que l’on peut toujours y arriver jusqu’à la dernière minute même si souvent, on se fait juste bouffer ou pire par la créature -_-‘

Mais ce n’est pas tout, lorsque l’Abomination vient à s’arrêter sur une case spéciale, bardaf ! Un événement est déclenché soit, les joueurs bloqué au départ défausse leur carte et en reçoivent une nouvelle. C’est clairement une amélioration par rapport au premier titre où lorsque l’on galérait avec une carte, on continuait à galérer jusqu’à la fin et cela était méchamment frustrant. Soit, on révèle l’un des jetons Traque et malheureusement, s’il y a le symbole de la créature, celle-ci progresse à nouveau sur le plateau… Ça pique XD

En tant que jeu narratif et immersif, on appréciera aussi la qualité des illustrations totalement horrifiques et encore plus surnaturelles que dans la première version. L’illustrateur David Sitbon a un style graphique permettant une vraie plongée dans l’effroi et donne une identité affirmée et claire pour ce jeu. On prend un véritable plaisir à regarder et y voir des références géographiques ainsi que de la pop culture. L’identité graphique est cohérente et englobante sur l’ensemble des éléments du jeu. J’adore le plateau de jeu qui rappelle clairement celui de la première version mais en apportant une véritable identité et fraîcheur dans cette suite.

L’interaction est omniprésente, c’est la base de la base dans ce jeu. Comme je l’ai dit, j’apprécie tout de même que dans cette version, grâce aux modifications et ajouts dans la mécanique, est clairement alimentée et maintenue tout au long de la partie. On ne sent pas une baisse de régime où l’on se dit, c’est bon pourquoi encore décrire tout est foutu.

Je pense que les joueurs ayant des réticences sur la première version devrait clairement essayer celle-ci qui devrait combler leurs attentes. On est face à une très belle suite d’une toute aussi bonne qualité tant sur le matériel que sur l’immersion proposée par son univers graphique riche et soigné. Pour autant, si je suis content d’avoir eu des sleeves pour protéger les belles cartes, je pense qu’il serait appréciable lors des prochaines éditions à réfléchir à un rangement afin que cela ne soit pas le bordel dans la boîte. Mais, je tiens à rappeler que celle-ci est produite en Europe et ça c’est un bon point pour l’éditeur.

Pour résumé, si vous n’avez pas accroché à Greenville, essayez cette nouvelle version et vous aimerez. Si vous ne connaissez ni l’un ni l’autre, je vous conseille cette nouvelle version aussi car elle a le mérite d’avoir amélioré et gommer les imperfections du premier opus.

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Coatl : un sacrifice au Maple Syrup

Je n’y peux rien mais le thème Coatl n’arrête pas de me faire penser à Shadow of the Tomb Raide. Pour y avoir joué l’année passée sur console, on est exactement dans la même thématique mais pas du tout dans la même mécanique. De plus, lorsque je fais une recherche sur Coatl, j’ai retrouvé des points de similitude historique tant dans le jeu vidéo que dans Coatl de Pascale Brassard et Etienne Dubois-Roy.

Les illustrations de SillyJellie sont extrêmement beau et on y retrouve totalement la thématique ainsi que l’univers aztèque, toltèque ou encore mayas. On aurait pu croire qu’il est édité à l’origine par une maison d’édition d’Amérique centrale ou latine. Détrompez-vous, on est dans le grand Nord avec Synapses Games qui est canadienne. Dans notre région, il sera distribué par Asmodée.

Dans le jeu, vous incarnerez des prêtres souhaitant la promotion, non des moindres, de Grand Prêtre. Rien de plus simple, lors d’un tournoi, vous aurez la tâche d’impressionner les Dieux. #easygame. Pour cela, vous façonnerez les sculptures les plus complexes et élégantes de serpents  plumes appelés le Coatl. Alors, cela se prononce commence ce mot ? Je vous laisse un peu vous dépatouiller et je vous donne l’info plus loin ^^

Pour impressionner les dieux en flattant leur égo (toujours la même histoire -_-‘ ), vous serez de 1 à 4 prétendants de minimum 10 ans avec un tournoi d’une durée de 30 à 60 minutes.

La mise en place

  1. Mettez au centre de la table le plateau réserve
  2. Remplissez-le du nombre de pièces indiqués. Leurs formes sont marquées sur le plateau
  3. Distribuez un plateau à chaque joueur ainsi que les jetons de sa couleur
  4. Distribuez des cartes prophéties à chaque joueur
  5. Distribuez deux cartes objectif. Chaque joueur n’en conserve qu’une seule.
  6. Placez 6 cartes prophéties face visible
  7. 2 cartes objectif face visible en tant qu’objectif commun.

Tour de jeu

A chaque tour, le joueur actif ne peut réaliser qu’une seule action parmi les 3 suivantes :

  • Prendre des pièces sur le plateau réserve. Vous pouvez prendre soit deux pièces « corps » soit une pièce « tête » soit une pièce « queue ». Placez ses pièces sur votre plateau. Celui-ci est limité à 8 emplacements maximum.
  • Prendre une carte prophétie dans celles révélées ou dans la pioche
  • Assembler son Coatl. Pour cela, vous devez vous servir des pièces présentes sur votre plateau personnel.

Pour marquer des points, vous devrez appliquer les séquences des cartes prophéties lors de la construction de votre serpent à plumes. Certaines cartes prophéties permettent une répétition de la séquence dans votre serpent. Attention, un serpent ne peut pas avoir plus de 4 prophéties qui lui sont rattachées et elles ne seront validées qu’à la condition qu’il ait une tête et une queue.

Pour finir, lorsque vous aurez pris le jeu en main, vous pourrez aussi utiliser les jetons bonus permettant de prendre des pièces de votre choix ou de défausser des cartes prophéties.

La partie prend fin de deux manières :

  • Un joueur à compléter entièrement 3 serpents
  • Il n’y a plus de pièce disponible.

Actuellement, je n’ai jamais connu la seconde fin de partie. Une fois qu’elle est enclenchée, vous comptez les points que vous marquez grâce à vos cartes.

 Mon avis

La mécanique est sympathique et assez simple de prime abord. Mais, c’est plus complexe que cela n’y paraît. Cela va faire travailler nos synapses ^^ (Steve sort de ce corps XD). La sauce prend beaucoup mieux à 3 qu’à deux. A deux, lorsqu’un joueur a presque finalisé son serpent, il observe le potentiel de points de l’adversaire et s’il sait qu’il est en tête, il finalise son serpent. Clap de fin. Cela a un côté frustrant pour celui qui voit sa partie s’arrêter…A trois ou plus , la dynamique est différente et cette possibilité de mettre fin à la partie est beaucoup plus difficile.

Un point important et son faux-semblant de jeu facile. Il faudra deux ou trois parties pour scorer honorablement. Les première fois, les joueurs ont tendance à se bloquer le plateau individuel, à tenter d’anticiper le placement de leur pièce et au moment de la pose de perdre de vue l’objectif qu’ils se sont fixés. Un conseil après plusieurs parties, il faut se fixer un objectif et construire assez rapidement en vue de se laisser de la place sur son plateau perso.

Un point aussi appréciable, c’est la rapidité du tour de jeu, on n’a pas le temps d’attendre ou d’aller se faire un café. La main revient assez vite ce qui veut dire qu’il faut réfléchir vite en priant Kukulcan qu’un autre prétendant ne vous pique pas les pièces convoitées sur le plateau de réserve.

Bon, il est temps de vous l’annoncer, ce jeu qui est dans le top 20 des jeux familiaux 2020 sur BGG se prononce CO-A-TEUL. Soulagez ?

Un point aussi est la présence d’une version solo, c’est la tendance actuelle et les éditeurs auraient-ils senti le confinement venir ? De plus en plus de jeu en propose… Bonjour, nos amis conspirationnistes… Je suis sûre que les réfractaires au monopole ont dû au moins y penser un soir avant de s’endormir^^

Fini de dire des bêtises, revenons à nos lamas… On est en Amérique centrale/latine, je vous rappelle ! La version solo est bien réalisée et permet de passer un bon moment mais je ne suis clairement pas le meilleur pour en parler car je n’aime pas les versions solo. Je teste pour l’article mais, cela ne vaudra jamais pour moi une partie avec des joueurs autour de la table.

Certains, dont Pascal Michal, ont comparé Coatl à Azul… Je n’ai pas pu m’empêcher de lui envoyer un message afin de lui notifier mon étonnement et mon désaccord. Un point pour lequel je le rejoins si l’on devait voir une once de similitude, c’est la prise de pièces dans un pool commun. Un rappel, oui mais avec une identité qui est propre.

On pourrait clairement le qualifier de jeu abstrait. On prend des pièces d’une couleur afin de respecter une séquence, cela fonctionne tout aussi bien sans thème. Pour autant, la thématique est tellement prenante que je n’ai pas eu l’impression au prime abord de jouer avec un jeu abstrait. C’est après réflexion que cela m’est venu à l’esprit.

Il n’y a rien qui est laissé au hasard dans la thématique, on retrouve l’univers graphique de cette civilisation en ce compris des représentations des différents dieux de la mythologie sur les cartes prophéties. Par exemple, si vous observez les cartes rouges, vous aurez une représentation d’une dame enceinte représentant la fertilité ou encore les bleues avec le dieu de la pluie. Il y a un véritable travail de recherche et c’est toujours encore plus appréciable que de simples jolies illustrations. C’est l’un des éléments qui permet d’avoir une thématique forte à mon sens. Il en va de même pour la matière des sacs, déjà dans l’aspect graphique mais aussi au touché, cela correspond à la sensation que j’aurai dû avoir si j’avais touché un tissu de cette région-là du monde.

Du côté matos, on est sur une bonne quantité de plastique. Je ne sais pas comment les éditeurs auraient pu faire autrement… En bois ? Le prix, la fragilité et le poids… Impossible. Je pense qu’il n’y avait pas d’autres alternatives à la fois durable et solide sans exploser les coûts de production et de transport. Quant à leur qualité esthétique, on y est, ils sont tous jolis et plutôt bien fini. Jusqu’à présent, je n’ai remarqué qu’un seul corps avec un excédent de plastique rendant l’assemblage légèrement difficile.

Y a-t-il un aspect pédagogique dans Coatl ?

Et bien, il y en a un ! J’invite les logopèdes à l’utiliser en tant que jeu mais aussi en tant qu’outil de travail. Habituellement, vous donnez des puzzles composés de plusieurs cubes afin de travailler l’orientation.

Ici, vous pouvez aussi travailler la notion de séquence et d’orientation à l’aide de ce jeu. Avec les plus jeunes, vous leur fournissez un nombre défini de cartes prophétie. Rajoutez des cartes au fur et à mesure des séances afin d’en augmenter la difficulté.

Le patient doit à partir des pièces face à lui recomposer la séquence indiquée sur la carte.  Vous pouvez moduler selon les besoins les conditions de constructions. Vous pouvez lui dire quartier libre, il réalise alors un serpent par objectif ou alors, il doit réaliser l’ensemble des conditions dans un même serpent.

De la même manière, si vous avez le jeu à la maison, vous pouvez aussi exercer votre enfant à l’aide du jeu. Une autre manière de moduler ses tâches est de mettre un timer. Je vous le déconseille lors des premières fois, c’est une astuce pour augmenter la complexité de la tâche.

Au final ?

On est dans un jeu familial abstrait mais avec une thématique attirant l’œil. On est loin d’un abalone. Le thème domine et avec ses couleurs chatoyantes, on a envie de l’ouvrir. Il aura une bonne durée de vie car les combos sont presque infinis et dépendent totalement des cartes tirées et des pièces sur le plateau. Un point que je souhaite souligner est la difficulté, en tant que daltonien, de distinguer le vert du rouge sur les cartes. Durant la partie, il m’arrive régulièrement de demander une confirmation, c’est un peu dommage car le rouge des pièces se distingue vraiment bien du reste.

Je vous le conseille comme cadeau de Noël, il en fera des heureux et il quittera souvent votre ludothèque pour la table et non chez le revendeur ^^

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Dream Runners – Un magnifique casse-tête onirique

En tout cas, ça fait rêver !

Dream Runners est un jeu compétitif pour 4 joueurs de Joan Dufour et est le dernier venu de chez Ankama Boardgames, une maison d’édition que j’apprécie tout particulièrement. C’est donc avec beaucoup d’attente que j’ouvris la boîte et découvris ce jeu à la somptueuse couverture aux traits oniriques dessinés par Jade Mosch. Il est distribué sur notre territoire belge par Asmodee.

Première étape, dépuncher tous (beaucoup !) les jetons du jeu ainsi que des pièces de Tetris bien intrigantes. La chose que je redoute le plus lors du dépunchage, ce sont ces bouts de partie imprimée qui se déchirent ou qui restent collés à mes jetons mais ici, tout se détache parfaitement et les pièces sont nickels ! Un premier bon point.

Le thermoformage indique parfaitement où ranger chaque chose, un superbe plus pour les adeptes du rangement et de l’organisation (n’est-ce pas Steve ?!).

D’un point de vue général, le matériel est très joli et les couleurs et les illustrations vous amènent directement dans l’univers du rêve. Chaque joueur a son plateau individuel et démarrera avec 4 tuiles segment, à ses couleurs. Les formes sont identiques pour tout le monde mais les effets peuvent être situés à différents emplacements.

Parmi les éléments les plus jolis du jeu, nous avons les Cartes des Rêves. Elles sont réparties en 4 niveaux. On en sélectionne deux de chaque dont on fera une pile avec les cartes de plus petit niveau au sommet.

On place enfin le plateau central au milieu avec le reste des éléments du jeu, un sablier et c’est parti !

Bonne nuit, les petits !

Le but du jeu est de parcourir les Cartes des Rêves pour y récolter un maximum de trésor tout en faisant face aux effrayants cauchemars.

On retourne la première carte de la pile des Rêves et immédiatement, chaque joueur doit, avec ses pièces, former au mieux un carré 9×9. Vous n’êtes jamais obligés d’utiliser tous vos segments mais prenez garde à ne pas faire trop de trous ou de trop dépasser auquel cas vous recevrez des malus.

Le premier joueur à avoir terminé attrape le sablier, le retourne et prend une pièce d’argent dans la réserve. Son carré est validé et il n’a plus la possibilité de le modifier. Les autres joueurs ont encore 30 secondes pour terminer leur figure.

Ensuite, chaque joueur va « vivre son rêve » en faisant correspondre les cases de son carré avec celles de la Carte. S’il y a des trous ou des bavures, le joueur perdra des points de Sérénité, symbolique d’un sommeil agité.

Les cases carrées qui forment les segments peuvent être de couleurs différentes correspondant aux différentes actions.

S’il y a un trésor et qu’on a joué une case verte, on le ramasse. Parmi les récompenses possibles, il y a des fragments d’étoiles qui se collectionnent par quatre et qui nous aident à monter sur la Piste des Etoiles.

Les cases roses, quant à elles, servent à affronter les cauchemars. Si un joueur a oublié d’en combattre un, il perdra encore plus de points de Sérénité. Le secret du jeu réside vraiment dans le fait de passer une nuit bien paisible.

Dans le cas où vous atteignez (et croyez-moi ; cela peut aller très vite), le bas de la Piste de Sérénité, vous vous réveillez et perdez immédiatement la partie.

Après la phase de parcours vient celle du crafting. Chaque joueur va pouvoir acheter une unique nouvelle pièce Tetris pour parcourir les rêves et l’ajouter à sa main pour la manche suivante. Une fois cette phase terminée, on ouvre le deuxième rêve et on recommence jusqu’à avoir joué les huit niveaux.

A la fin du jeu, on score via trois paramètres : la piste des Etoiles, la piste de Sérénité et les points obtenus sur les segments. Le joueur qui en a le plus remporte la partie !

Ne confondez pas vitesse et précipitation !

            La première chose qui m’a marqué durant mes parties, c’est la vitesse du jeu. Il se joue assez vite. En effet, plus on prend du temps à réfléchir, plus on en laisse aux autres pour optimiser leur figure. Pour gagner, il faut trouver la juste mesure entre vitesse et précipitation. Même si certaines actions peuvent dépendre des autres joueurs, on n’a clairement pas le temps de regarder ce qu’ils font pour agir en conséquence. L’idée est vraiment d’optimiser au mieux son propre rêve. Vivez les vôtres, pas ceux des autres comme on dit !

Tenter de former un carré parfait n’est pas la plus grosse difficulté du jeu. Gérer les cauchemars et la récolte des récompenses l’est ! Les pièces ne s’emboîtant pas forcément comme on le souhaite, on peut très bien finir un tour où on a combattu tous les cauchemars sans pour autant avoir ramassé beaucoup de trésors voire l’inverse. Trop souvent j’ai fini mon carré en me disant « Mince ! J’aurais dû faire ça ! Et ça aussi ! Et ça, ça ne me rapporte rien !».

            Avec ses 30 Cartes des Rêves différentes (6 par niveaux) ; le jeu s’est assuré une grande rejouabilité. Les parties sont constamment nouvelles et ne se ressemblent jamais. Il vous faudra donc constamment renouveler et réadapter vos stratégies en fonction des situations.

Et au réveil, on oublie ou on n’oublie pas ?

            Réponse simple : on n’oublie pas ! Il se joue tellement vite et est tellement rapide à expliquer qu’il fera un parfait « entre deux jeux » dans n’importe quelle soirée 4 joueurs.

            Il s’installe en 5 minutes, se joue en une trentaine de minutes maximum et une fois la partie terminée, on a tout de suite envie d’en refaire une en se disant qu’on ne pourra pas faire pire qu’à la partie précédente.

            J’ai surtout aimé ce côté RPG qui nous demande d’évoluer au cours du jeu. Pour parler en langage néophyte, il vous faut looter afin de crafter des armes pour battre des créatures plus fortes et XP ainsi. Plus clairement, il est impossible d’arriver au niveau final sans acheter de nouveaux segments pour combattre plus de cauchemars.

            Alors, certes, le thème n’est pas plaqué dur sur le jeu mais n’est pas inexistant non plus. Cette idée de sommeil serein reste la guideline du jeu. Par contre, il est vrai que l’idée des coffres est un peu étrange quand on pense à l’univers du rêve (j’aurais plutôt pensé à des portes) mais ça n’est qu’un détail. Après tout, les rêves sont bien propres à chacun !

            Ankama Boardgames signe encore une fois pour moi un excellent jeu.

            Chaque fois que j’acquiert un jeu de leur maison, je suis toujours fasciné par la propreté et le soin apporté au design. Du thermoformage, au livre de règles, en passant par le plateau de jeu et ses éléments, tout est toujours très bien coupé et pensé.

            Les jeux de chez Ankama Boardgames n’ont, à mon humble opinion, pas encore révolutionné les mécaniques de jeu existantes mais s’inspirent toujours des anciennes pour les mélanger avec des concepts modernes et originaux. C’est ce que j’adore chez eux. Après Welkins, Stellium, Draftosaurus, « Dream Runners » saura vous apporter cette touche de légèreté dont toutes les ludothèques ont besoin.

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Atlantes, la suprématie jusqu’au fond de l’abysse !

C’est l’un des nombreux jeux que l’on m’avait recommandé lors du salon Essen et que je n’avais pas pu tester sur place. Je n’avais aucun doute sur sa localisation en francophonie. Ce jeu d’Ivan Tuzovsky est actuellement localisé par l’éditeur Gigamic.

La plupart des retours lors du salon faisaient l’éloge des Raies Manta. Elles sont jolies mais le plus important est la mécanique du jeu. On plonge dans un jeu de gestion et de développement grâce à une mécanique de combo. On est sur un jeu de stratégie pur mais qui se comprend aisément.

Pour ma part, je ne peux que voir des références au jeu Abyss car on incarne un des rois des océans et grâce à notre peuple, nous allons devoir acquérir le plus de prestige possible en assurant la pérennité de notre civilisation tout en s’aventurant dans les abysses hostiles. Pour autant, les mécaniques sont intéressantes avec un matériel assez restreint.

Ce jeu se joue de 1 à 4 joueurs pour des parties allant de 40 à 60 minutes pour des joueurs à partir de 14 ans. Je pense que l’on pourrait y jouer dès 11-12 ans.

Mise en place

  1. Placez le plateau central au centre de la table
  2. Distribuez les plateaux individuels à chaque joueur
  3. Tirez au hasard votre roi
  4. Prenez 1 set de 6 cartes de base avec le même symbole au verso
  5. Donnez les Raies Manta avec le même symbole que vos cartes à chaque joueur
  6. Placez la rivière de cartes personnages ainsi que celles des lieux
  7. Mettez les raies manta additionnelles à portées de tous.

Actions lors d’un tour

  1. Action principale : jouer une carte personnage pour résoudre son pouvoir
  2. Action secondaire : soit utiliser une raie manta ou exploiter un lieu

Chacune des cartes tant personnage que lieu vous permettent de :

  • Recruter : acheter un personnage présent sur la rivière
  • Acheter un lieu : acheter un lieu présent sur la rivière
  • Conquérir un lieu : obtenir un lieu sans le payer mais cela nécessite d’avoir un certain nombre de symbole inscrit sur la carte.
  • Elever un lieu : améliorer un des lieux de votre plateau individuel afin de récupérer un bonus
  • Marquer les points d’un lieu : un lieu totalement élevé ne peut être retiré du plateau individuel que par cette action et comptera dans le décompte final des points
  • Explorer : permet de révéler de nouveaux lieux sur le plateau principal

La fin de partie se déclenche soit :

  • Lorsque l’on révèle la dernière carte de la pioche lieu
  • Lorsque l’on révèle la dernière carte de la pioche personnage
  • Lorsqu’un joueur a posé une manta sur chaque objectif du plateau

Une fois la fin de partie enclenchée, vous comptez vos points et le gagnant est celui qui en possède le plus. Sans oublier, les objectifs communs de fin de partie étant dégressif plus vous attendez pour les réaliser. Le premier reçoit 10 points, le second 8 et ainsi de suite.

Mon avis

La mécanique est relativement simple même si à l’ouverture du livret de règles, je me suis dit c’est bien épais. C’était lié au grammage des feuilles. On est sur un principe de deckbuilding auquel s’ajoute un système de combinaison afin d’enchaîner les combos.

Durant un tour, on cogité longtemps voir très longtemps car les combinaisons peuvent aller dans tout les sens et, de mon côté, je n’arrivais pas toujours à me décider. Cette ouverture de combinaisons s’intensifie grâce à la mécanique d’élévation qui est assez chouette tout en collant bien à la thématique marine.

On prend du plaisir dans la construction de ces coups plus que dans les résultats car ils ne nous rapportent que des points finalement. Un point qui est à la fois positif comme négatif, c’est que ce jeu tourne avec un nombre très réduit de cartes. D’ailleurs, lorsque j’ai ouvert la boîte, je me suis dit : « il n’y a pas plus de cartes ? ». J’ai réfléchi et je suis arrivé à l’idée que cela sentait l’extension dans quelques temps. La mécanique s’y prête trop bien.

Concernant l’interaction, il n’y en a pas. On joue pour soi. D’ailleurs, j’ai presque préféré le mode solo car cela me laissait le temps de la réflexion sans laisser patienter longuement les autres joueurs. L’interactivité se retrouve dans l’achat de la carte espérée ou alors de l’objectif réalisé juste avant soi entraînant une petite perte de points.

Du côté du matériel et du graphisme, le jeu est très joli. C’et superbe. Mais, je trouve qu’il y a un décalage entre le graphisme des cartes personnages avec la cover ainsi que les cartes lieux. Je trouve les cartes personnages plus dans un thème dessin alors que les autres plus dans le photo réalisme. On voit que les éditeurs ont mis le budget dans les plateaux individuels et certainement les raies manta. Cela colle plus au thème que ses pouvoirs spéciaux soient sur des animaux marins mais comme l’a dit Son, cela aurait été encore mieux sur du bois… Je n’imagine même pas le coût -_-‘. D’ailleurs des cartes légèrement plus épaisses auraient été top car j’ai déjà réussi a en abîmer en y jouant lors de mes premières parties.

Au final, l’univers du jeu est bel et bien au rendez-vous avec des très jolies illustrations pour autant on reste en surface sur son utilisation, c’est dommage lorsque l’on doit explorer les abysses. Cela donne un thème au jeu avec des clins d’œil dans la mécanique avec l’action d’élévation. Mais ce que je retiens surtout est que l’on est face à un jeu permettant une grande diversité de combos et les règles restent épurées grâce à quelques actions bien choisies et pertinentes.

Si vous apprécié les deckbuiding et faire des combos, vous allez être aux anges avec ce jeu. Sans oublier, si le thème reste secondaire et que vous cherchez un bon jeu de stratégie. Pour ceux qui aspirent à un jeu avec de l’interactivité, vous ne la trouverez pas malheureusement. On est dans de la pure optimisation personnelle de son jeu.

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Pocket Détectives, idéal pour initier les belles-mères aux jeux de société !

Je vous l’avais dit, c’était la galère pour jouer à la maison et miracle ma belle-mère est arrivée ! Pour autant, je savais qu’elle n’aime pas les jeux de société, il y a trop de tchniniss (elle vient de Liège, en gros trop de petites pièces). Cela ne lui convenait pas.

Elle a quand même eu pitié de moi et a accepté de jouer à Pocket Détective. Je pense qu’elle était tout de même intéressée par la thématique d’une enquête criminelle sachant qu’elle apprécie ce genre de série ou de film. Mais, elle a aussi été rassurée de ne pas avoir pleins de petites meeples, un grand plateau de jeu et tout ce que contient une grande boîte de jeu. Ici, dans Pocket Détectives de Yuri Yamshchikov tout tient dans un deck de 71 cartes avec une partie durant 60 minutes maximum. Il est actuellement édité par Matagot et distribué en Belgique par Asmodee.

Voilà, elle se met à table et je lui lis explique plus en détails l’histoire grâce au synopsis. Avant cela, j’avais juste évoqué l’histoire d’un crime et d’une enquête policière. Je lui lis donc ceci : « Dans cette première enquête de la série Pocket Detective, il vous faudra résoudre le meurtre d’un des chercheurs de l’université ! En rassemblant les indices, en examinant les lieux mais aussi en interrogeant témoins et suspects, à vous de prendre les bonnes décisions pour arrêter le coupable et résoudre l’enquête ! »

Je mets en place la partie et il est vrai que logiquement, on joue à tour de rôle et celui qui est le joueur principal du tour prend la décision finale. Dans notre cas, nous n’avons pas appliqué ce principe et chaque décision s’est faite sur un commun accord. Après avoir disposé les différents decks de cartes en fonction de leur lettre (A à F) et placé les cartes A3 à A7, on s’est plongé dans l’enquête où Je me suis retrouvé à être le narrateur pour chacune des cartes tout en proposant les différentes pistes possibles ainsi que la gestion du temps car malgré moi, je souhaitais scorer correctement lors de cette enquête.

Au fur et à mesure de l’avancement dans le jeu, vous allez pouvoir poursuivre une série de pistes différentes grâce à la découverte d’empreintes, de comptes bancaires ou encore d’alibis. Certaines cartes possèdent des symboles horloges ou bonhommes fâché. Ces symboles auront un impact sur votre score final mais aussi sur certains éléments du jeu. Il vous en faudra un certain nombre pour débloquer des cartes, je n’en dit pas plus. Du côté des symboles fâchés, vous perdez 10 points pour chacun !

Notre avis (celui de ma belle-mère & le mien)

La mécanique est extrêmement chouette et on se prend très très vite au jeu des enquêteurs. On émet des suspicions envers certaines personnes et on tente d’envisager les différents mobiles du crime tout en tentant de coller les pièces du puzzle ensemble. Il faudra faire attention aux fausses pistes qui vous feront perdre du temps.

L’histoire est très bien ficelée et reste accessible, on n’est pas dans une histoire à couper les cheveux en quatre sans être dans une résolution un peu trop évidente à la Arabesque. Un point appréciable est le format du paquet qui s’emporte partout et ne prend pas trop de place sur la table une fois le set up mis en place ainsi que son prix plus que correct étant en dessous des 10€.

Un point que j’ai particulièrement apprécie contrairement à d’autres jeux de ce type est l’absence d’une contrainte en temps réel du temps. La plupart des Escape games ou la série Unlock, on se retrouve à courir après le temps qui défile, cela peut clairement stresser les joueurs et mettre une tension entre eux. Je ne l’ai pas vécu mais je l’ai déjà vu. Dans notre cas, on a tout le temps que l’on veut durant la partie mais, c’est nos choix qui nous feront perdre du temps fictif en fin de partie.

Sans oublier, qu’il se joue sans application et sans connexion internet. C’est un point fort car il est vraiment transportable partout et on n’est pas tenu d’avoir assez de batterie pour pouvoir y jouer. Puis cela nous déconnecte un peu de tous ces appareils !

Du côté des illustrations, elles ne sont pas indispensables au gameplay mais, elles sont jolies et réussies et rendent le tout un peu plus immersif car cela donne l’impression de se rendre dans certains quartiers ou encore à l’université.

En fin de partie, ma belle-mère m’a demandé s’il y avait une autre enquête dans le paquet. Je lui ai dit que non, c’était le principe de ce type de jeu. Il va falloir attendre les prochaines histoires, elle est déjà impatiente qu’elle sorte ! J’ai été plus que surpris car elle ne joue pas volontiers et maintenant, elle m’en parle à chaque fois que je l’ai au téléphone. En attendant, je vais lui faire découvrir d’autres jeux de ce type mais, dès que les prochaines histoires sont de sorties, je sais qu’elle sera partante pour se lancer à la poursuite du criminel ! 

En écrivant l’article, j’ai eu une notification Facebook à la suite d’une publication de Matagot nous annonçant la sortie d’une nouvelle histoire « Pocket Détective ». Ma belle-mère est comblée ! En plus la thématique est « Liaisons dangereuses ». Déjà que durant meurtre à l’université, c’était une des pistes envisagées ^^ Dans cette nouvelle histoire : « Vous êtes envoyé pour réaliser un reportage sur un festival de la région. Rien de bien intéressant ne s’y passe… jusqu’à ce que vous entendiez une vitre se briser puis un bruit sourd. Vous vous précipitez sur les lieux et apercevez un corps étendu sur le sol au coin de la rue. Réalisez votre propre enquête et écrivez l’article qui lancera enfin votre carrière ! ».

Photo Facebook de Matagot